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TRAGÉDIE.


Le français révolté que l’Europe contemple,
Après un tems si long de quatorze cents ans (7),
Ose se comparer à d’illustres brigands (8) !
À ce peuple assassin, qui, révoltant la terre (9),
S’entr’égorgeait lui-même, en se traitant de frère :
Où la nature avait perdu ses droits si beaux (10),
Où cette liberté dressa des échafauds (11) :
Où de Coriolan la vertu fut punie (12),
Où l’un des décemvirs condamna Virginie (13) :
Où le père envoya son enfant à la mort (14) :
Où César de son fils reçut le même sort (15) :
Où la proscription fit nombre de victimes (16),
Et qui, de crime en crime, inventa tous les crimes (17).
Voilà donc le modèle où le français prétend :
Il veut être romain !… ah ! qu’il est inconstant (18) !
Fanatiques sujets d’astucieux despotes,
Qui prenez sans pudeur le nom de patriotes (19),
Qui de votre patrie êtes les ennemis,
Et changez en cyprès la blancheur de ses lys (20) ;
Peuple ingrat et cruel, peuple fier et volage,
Vous apprendrez trop tard à devenir plus sage :
Vous apprendrez, hélas ! dans vos calamités,
À regretter l’honneur, à qui vous insultez.
Que deviendront vos fils, vos femmes et vos filles ?