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Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1703

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Chap. V, 1.
Chap. VI, 10.
ÉPÎTRE AUX HÉBREUX.

trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus en temps opportun.

En effet, tout grand prêtre, pris d’entre les hommes, est établi pour les hommes en ce qui regarde le culte de Dieu, afin d’offrir des oblations et des sacrifices pour les péchés. 2Il est capable d’user d’indulgence envers ceux qui pèchent par ignorance et par erreur, puisqu’il est lui-même entouré de faiblesse. 3Et c’est à cause de cette faiblesse qu’il doit offrir pour lui-même, comme pour le peuple, des sacrifices pour les péchés. 4Et nul ne s’arroge cette dignité ; il faut y être appelé de Dieu, comme Aaron.[1] 5Ainsi le Christ ne s’est pas élevé de lui-même à la gloire[2] du souverain pontificat, mais il l’a reçue de celui qui lui a dit : « Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui » ; 6comme il dit encore dans un autre endroit : « Tu es prêtre pour toujours selon l’ordre de Melchisédech. »[3] 7C’est lui qui, dans les jours de sa chair, ayant avec de grands cris et avec larmes offert des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé pour sa piété,[4] 8a appris, tout Fils qu’il est, par ses propres souffrances, ce que c’est qu’obéir ;[5] 9et maintenant que le voilà au terme, il sauve à jamais tous ceux qui lui obéissent, 10Dieu l’ayant déclaré « grand prêtre selon l’ordre de Melchisédech. »[6]

2. Chap. v, 11-vi, 20 : Avertissement pour préparer les auditeurs à comprendre ces grandes vérités. — Leur lenteur à comprendre et leur imperfection (11-14). Danger de perte irrémédiable auquel ils seraient exposés s’ils se négligent (vi, 1-8). Encouragement par le souvenir de leurs œuvres passées (9-12), et surtout par le motif de la fidélité de Dieu démontrée dans l’histoire d’Abraham (13-20).

11Sur ce sujet, nous aurions beaucoup de choses à dire, et des choses difficiles à vous expliquer, parce que vous êtes devenus lents à comprendre. 12Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les premiers éléments des oracles de Dieu, et vous en êtes venus à avoir besoin de lait, plutôt que d’une nourriture solide. 13Quiconque en est encore au lait, n’est pas capable de la parole de perfection ; car c’est un enfant. 14Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le sens est exercé par habitude à discerner le bien et le mal.

C’est pourquoi, laissant de côté l’enseignement élémentaire sur le Christ, élevons-nous à l’enseignement parfait, sans poser de nouveau les principes fondamentaux du renoncement aux œuvres mortes, de la foi en Dieu, 2de la doctrine des ablutions, de l’imposition des mains, de la résurrection des morts et du jugement éternel. 3C’est ce que nous allons faire, si Dieu le permet. 4Car il est impossible, pour ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, 5qui ont goûté la douceur de la parole de Dieu et les merveilles du monde à venir, 6et qui pourtant sont tombés, de les renouveler une seconde fois en les amenant à la pénitence, eux qui pour leur part crucifient de nouveau le Fils de Dieu et le livrent à l’ignominie.[7] 7Lorsqu’une terre, abreuvée par la pluie qui tombe souvent sur elle, produit une herbe utile à ceux pour qui on la cultive,[8] elle a part à la bénédiction de Dieu ; 8mais si elle ne produit que des épines et des chardons, elle est jugée de mauvaise qualité, près d’être maudite, et l’on finit par y mettre le feu. 9Cependant, bien-aimés, quoique nous parlions ainsi, nous avons de vous une opinion meilleure et plus favorable à votre salut.

10Car Dieu n’est pas injuste
  1. V, 4. Aaron : voy. Nom. iii, 10.
  2. 5. Gloire : Ce mot se trouve souvent dans S. Jean (comp. viii, 54), pour signifier la glorification de J.-C. auprès de son Père après sa résurrection et son ascension, glorification qui inaugura tout à la fois son règne et son pontificat. — Ps. ixii, 7 S. Paul entend cet aujourd’hui du jour de la résurrection du Fils de Dieu (Act. xiii, 33), quand le Père proclama de fait le Christ, l’Homme-Dieu, son Fils et le Roi de l’univers.
  3. 6. Ps. cx (109) 4.
  4. 7. Pour sa piété (ἀπὸ τῆς εὐλαβείας), sa soumission respectueuse à la volonté du Père céleste (Matth. xxvi, 42). La préposition ἀπὸ peut fort bien recevoir le sens de pour, a cause de. Comp. Matth. xiii, 44 ; xviii, 7 ; Jean. xxi, 6 ; Act. xxii, 11.
  5. 8. Fils ; la Vulg. ajoute de Dieu.
  6. 10. Ce verset introduit le développement qui commence au chapitre vi, 20 ; vii, 1 sv. Les versets v, 11 ; vi, 19 forment une digression, mais qui se rattache étroitement au but poursuivi par l’Apôtre.
  7. VI, 6. D’après la Vulgate : Il est impossible que ces chrétiens tombés par l’apostasie volontaire soient renouvelés. Le grec ἀνακαινίζειν à l’actif. C’est pour les ministres de l’Évangile, et avec les moyens ordinaires de conversion, qu’il affirme l’impossibilité de renouveler, en les ramenant à de meilleurs sentiments (εἰς μετανοίαν), les chrétiens dont il parle.
  8. 7. À ceux pour qui (Vulg. par qui) elle est cultivée.