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Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1704

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Chap. VI, 11.
Chap. VII, 9.
ÉPÎTRE AUX HÉBREUX.

pour oublier vos œuvres et la charité que vous avez montrée pour son nom, vous qui avez rendu service aux saints et leur en rendez encore. 11Nous désirons que chacun de vous déploie le même zèle jusqu’à la fin, afin que vos espérances soient accomplies, 12en sorte que vous ne vous relâchiez point, mais que vous imitiez ceux qui, par la foi et la persévérance, entrent dans l’héritage promis.[1] 13Dans la promesse qu’il fit à Abraham, Dieu ne pouvant jurer par un plus grand que lui, il jura par lui-même, 14et dit : « Oui, je te bénirai et je te multiplierai. » 15Et ce fut ainsi que ce patriarche, ayant patiemment attendu entra en possession de la promesse. 16En effet, les hommes jurent par celui qui est plus grand qu’eux, et le serment, servant de garantie, termine tous leurs différends. 17C’est pourquoi Dieu, voulant montrer avec plus d’évidence aux héritiers de la promesse, l’immuable stabilité de son dessein, fit intervenir le serment, 18afin que, par deux choses immuables, dans lesquelles il est impossible que Dieu nous trompe, nous soyons, nous qui avons cherché en lui un refuge, puissamment encouragés à tenir ferme l’espérance qui nous est proposée. 19Nous la gardons comme une ancre[2] de l’âme, sûre et ferme, cette espérance qui pénètre jusqu’au delà du voile, 20dans le sanctuaire où Jésus est entré pour nous comme précurseur, en qualité de « grand prêtre pour toujours selon l’ordre de Melchisédech. »[3]

II. — SUPÉRIORITÉ DU SACERDOCE SELON L’ORDRE DE MELCHISÉDECH SUR LE SACERDOCE LÉVITIQUE.

[VII, i — X, 18.][4]

A. — Les personnes : Melchisédech et Jésus-Christ.

1. Chap. vii, 1-19.La réalité du sacerdoce de Jésus-Christ : Melchisédech, simple figure de Jésus-Christ, est supérieur à Abraham (1-6a), par conséquent aux prêtres lévitiques (6b-10), dont le sacerdoce est impuissant et temporaire, tandis que celui de Jésus-Christ est éternel (11-19).

Ce Melchisédech, roi de Salem, prêtre du Dieu très-haut. — qui vint au devant d’Abraham à son retour de la défaite des rois, le bénit, 2et à qui Abraham donna la dîme de tout le butin, — qui est d’abord, selon la signification de son nom, roi de justice, ensuite roi de Salem, c’est-à-dire, roi de paix,[5] 3— qui est sans père, sans mère, sans généalogie, qui n’a ni commencement de jours, ni fin de vie, — et qui est ainsi devenu semblable au Fils de Dieu : ce Melchisédech demeure prêtre pour toujours. 4Considérez combien est grand celui à qui Abraham, le patriarche, donna une dîme sur ce qu’il y avait de meilleur. 5Ceux des fils de Lévi qui obtiennent le sacerdoce ont, d’après la Loi, l’ordre de lever la dîme sur le peuple, c’est-à-dire sur leurs frères, qui cependant sont sortis eux aussi du sang[6] d’Abraham ; 6et lui, qui n’était pas issu de leur race, a levé la dîme sur Abraham, et il a béni celui qui avait les promesses. 7Or, sans contredit, c’est l’inférieur qui est béni par le supérieur. 8En outre, ici, ceux qui perçoivent les dîmes sont des hommes qui meurent ; mais là, c’est un homme dont il est attesté qu’il est vivant. 9Et Lévi même, qui perçoit la dîme, l’a payée, pour ainsi dire, en la personne d’Abraham ;

  1. 12. Ceux : Abraham et tous les croyants ; selon la Vulgate, les croyants seulement, les fidèles ; d’où le futur, hériteront.
  2. 19. Une ancre, symbole de l’espérance chez les anciens.
  3. 20. Melchisédech : ces derniers mots ramènent à la pensée de v, 6-10, que l’auteur va maintenant développer.
  4. VII. L’auteur suit pas à pas l’histoire de Melchisédech telle qu’elle est racontée dans la Genèse (ch. xiv). Là, ce personnage entre brusquement en scène ; le livre sacré, qui nous donne si minutieusement la généalogie des patriarches, ne nous dit pas quel est son père, quelle est sa mère, quels sont ses ancêtres ; rien de sa naissance, rien non plus de sa mort : c’est un être mystérieux qui apparaît tout à coup dans l’histoire, et disparaît sans laisser de trace. Son nom même est significatif : il s’appelle Melchisédech, c’est-à-dire, roi de justice ; il est roi de Salem, c’est-à-dire de la paix ; de plus, il est prêtre, et prêtre du vrai Dieu, qu’Abraham adorait, dans un temps où l’idolâtrie régnait partout. Enfin, il est dit de lui qu’il bénit Abraham et qu’il en reçut la dîme, ce qui le met au-dessus du grand ancêtre du peuple choisi, et par conséquent d’Aaron et du sacerdoce lévitique. En tout cela, l’auteur va nous le montrer, il est la figure de Jésus-Christ.
  5. 2. Comp. Ps. lxxvi (75), 3 (héb.), qui donne à Jérusalem le nom de Salem.
  6. 5. Du sang, m. à m. des reins d’Abraham.