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un territoire pour l’usage et au profit d’États libres, déjà établis ou en voie d’établissement sous sa surveillance et sa protection »[1] ; il y est parlé d’elle comme gérant les intérêts des États libres établis dans cette région[2] ; elle y prend maint engagement, tant en son nom qu’en celui des dits États libres[3]. Mais ces communautés politiques n’ont jamais été désignées plus exactement. Il est probable qu’il faut comprendre sous cette dénomination les États indigènes dont les chefs s’étaient placés sous le protectorat de l’Association ou avaient conclu avec elle des pactes d’amitié[4], car on ne voit guère à quels autres organismes elle pourrait s’appliquer. Leur liberté, en tous cas, n’était qu’une fiction légale, dont on fit assez vite bon marché. Dès le 8 novembre 1884, on parlait ouvertement, et même officiellement, d’un seul État nouveau au lieu d’États multiples à créer. La convention intervenue ce jour-là entre l’Allemagne et l’Association en fait foi[5]. À cette date le projet en était si bien arrêté, qu’une carte, annexée à la convention, en indiquait le périmètre. De toute manière, on doit admettre que les États libres n’existaient plus que virtuellement, lorsque le roi souverain a notifié aux puissances son avènement au trône, puisqu’il ne leur a parlé, comme faisant partie de son empire, que des possessions de l’Association, sans rien dire des autres, sur lesquelles, cependant, il entendait bien régner aussi.

Un document important[6] témoigne, d’ailleurs, que la fondation des États libres, dont je viens de parler, n’a été, ainsi que d’autres combinaisons, considérée dès l’origine,

  1. Déclaration échangée avec les États-Unis, le 22 avril 1884.
  2. Déclaration échangée avec la Grande-Bretagne, le 16 décembre 1884.
  3. Convention avec l’Espagne, du 7 janvier 1885.
  4. La question du Congo, par Du Fief, p. 32.
  5. Article 6.
  6. Lettre de Stanley au colonel Strauch, du 8 juillet 1879. (Voir Stanley, p. 603.)