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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1681

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27. Moi qui dis à l’abîme : Sois détruit, et je mettrai tes fleuves à sec.

28. Moi, qui dis à Cyrus : Tu es mon pasteur, et tu accompliras toute ma volonté. Moi, qui dis à Jérusalem : Tu seras édifiée ; et au temple : Tu seras fondé.[1]

CHAPITRE 45.


1. Voici ce que dit le Seigneur à mon christ, Cyrus, que j’ai pris par la droite, afin d’assujettir devant sa face les nations, de faire tourner le dos aux rois, et d’ouvrir devant lui les portes des maisons, et les portes des villes ne seront pas fermées.[2]

2. Moi j’irai devant lui, j’humilierai les glorieux de la terre, je briserai les portes d’airain, et je romprai les barres de fer.[3]

3. Et je te livrerai des trésors cachés, et des richesses enfouies dans des lieux souterrains et secrets ; afin que tu saches que je suis le Seigneur qui appelle ton nom, le Dieu d’Israël.[4]

4. À cause de Jacob mon serviteur, et d’Israël mon élu ; je t’ai appelé par ton nom : je t’ai assimilé à mon Christ, et tu ne m’as pas connu.[5]

  1. Is. 44,28 : Cyrus ; roi de Perse, est nommé par son propre nom plus de cent ans avant sa naissance, ce qui prouve jusqu’à l’évidence l’inspiration divine du prophète Isaïe. ― Mon pasteur. Le nom de pasteur que Dieu donne à Cyrus prouve sa qualité de roi ; car les anciens donnaient le titre de pasteur aux princes ; c’est l’épithète ordinaire qu’Homère leur donne. Sous ce rapport encore, Cyrus est la figure de Jésus-Christ, le pasteur par excellence. ― C’est ce verset et le suivant, que les Juifs montrèrent à Cyrus, à la fin de la captivité, d’après le témoignage de Josèphe, ce qui le détermina à leur permettre de retourner en Palestine. Le nom de Cyrus signifie, d’après Ctésias et autres, soleil. Il paraît venir de la même racine, mais il ne se confond pas avec le nom du soleil, qui est, en zend, hvaré (karé), d’où l’on a tiré des noms propres comme Charsid, qui signifie éclat du soleil ou soleil. Sur les monuments, le nom de Cyrus est écrit Kuru ou Khuru ; ainsi on lit sur son tombeau : Adam K’ur’us Khsâyathiya Hakkâmanisiya. « Je suis Cyrus, le roi, l’Achéménide. » Son nom est identique avec celui du fleuve Kur. Voir Strabon, XV, 3, 6.
  2. Is. 45,1 : Christ ou oint ; c’est-à-dire roi constitué. Il n’est pas prouvé qu’on donnât l’onction aux rois de Perse ; mais le Prophète parle ici conformément à l’usage consacré chez les Hébreux. Comparer à 1 Rois, 10, 1 ; 3 Rois, 1, 45.
  3. Is. 45,2 : On a retrouvé à Balawat des débris de portes assyriennes recouvertes de plaques d’airain.
  4. Is. 45,3 : Je te livrerai, etc. Nous savons par l’histoire que Cyrus recueillit des richesses prodigieuses dans toutes ses victoires. ― Qui appelle ton nom ; c’est-à-dire qui t’ai appelé par ton nom. Comparer au verset 1.
  5. Is. 45,4 : À cause de Jacob, etc. ; c’est-à-dire pour venger le peuple qui m’adore, que je me suis choisi, et que je protège d’une manière toute particulière. ― Je t’ai assimilé à mon Christ ; vrai roi et pasteur de mon peuple, en te donnant le titre de mon pasteur (voir Isaïe, 44, 28) et de mon Christ (voir Isaïe, 45, 1), en te choisissant pour être sa figure. Le verbe hébreu que la Vulgate a traduit ici et à Isaïe, 44, 5, par assimiler (assimilavi), elle l’a rendu dans Job, 32, 21, par égaler (æquabo), et au verset 22 de ce même chapitre de Job par subsister (subsistam). ― Et tu ne m’as pas connu ; c’est-à-dire tu ne m’as pas honoré comme tu le devais, en abandonnant le culte des idoles. Rien, en effet, ne prouve que Cyrus, tout en avouant que le Seigneur lui avait livré tous les royaumes de la terre (voir 1 Esdras, 1, 2), abandonna la religion des Perses et embrassa celle des Juifs. C’est ainsi que Nabuchodonosor, qui avait reconnu la main du Seigneur (voir Daniel, 2, 47), resta dans l’erreur et dans l’idolâtrie. Cependant tout véritable hébraïsant devra reconnaître que le texte original peut signifier : Et tu ne l’avais pas connu, c’est-à-dire, quoique tu ne le connusses pas auparavant ; ce qui ne préjuge rien sur la conduite postérieure de Cyrus.