Page:Laberge - Quand chantait la cigale, 1936.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
QUAND CHANTAIT LA CIGALE

se dirigeait vers la sortie du temple pendant que la foule des assistants se levait pour se rendre au cimetière.

De nouveau, la vieille cloche se mettait à sonner.

Brusquement, la porte de la petite église, sombre comme les antiques catacombes, s’ouvrait et, par l’ouverture, les fidèles apercevaient un jeune platane dont le glorieux feuillage d’or resplendissait comme un arbre de flammes dans le beau matin d’automne.

Le célébrant, son jeune acolyte, la morte dans son étroit cercueil, les parents et les proches sortaient de la chapelle, défilaient devant ce buisson de feu et entraient dans le petit champ, à côté, peuplé de pierre funéraires.

Alors, pendant que les derniers sons des glas flottaient dans l’air lumineux et tiède, que le prêtre jetait sa suprême bénédiction sur la tombe, et que l’on descendait dans la terre le corps de l’aïeule, le platane tout auréolé de lumière, dressait comme en un grand geste d’envol son éclatante gerbe de soleil vers le ciel infini.