Page:Lamarck - Philosophie zoologique 1.djvu/386

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

serts, rarement spacieux, et où, misérables et inquiets, ils sont sans cesse contraints de fuir et de se cacher. Dans cette situation, ces animaux ne se forment plus de nouveaux besoins ; n’acquièrent plus d’idées nouvelles ; n’en ont qu’un petit nombre, et toujours les mêmes qui les occupent ; et parmi ces idées, il y en a très-peu qu’ils aient besoin de communiquer aux autres individus de leur espèce. Il ne leur faut donc que très-peu de signes différens pour se faire entendre de leurs semblables ; aussi quelques mouvemens du corps ou de certaines de ses parties, quelques sifflemens et quelques cris variés par de simples inflexions de voix leur suffisent.

Au contraire, les individus de la race dominante, déjà mentionnée, ayant eu besoin de multiplier les signes pour communiquer rapidement leurs idées devenues de plus en plus nombreuses, et ne pouvant plus se contenter, ni des signes pantomimiques, ni des inflexions possibles de leur voix, pour représenter cette multitude de signes devenus nécessaires, seront parvenus, par différens efforts, à former des sons articulés : d’abord ils n’en auront employé qu’un petit nombre, conjointement avec des inflexions de leur voix ; par la suite, ils les auront multipliés, variés et perfectionnés, selon l’accroissement de leurs besoins, et selon qu’ils se seront plus exercés