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CXVI

UN MAITRE SAUVE SON ÉLÈVE.



Un étudiant laissa sa femme à la maison[1] et alla en pays étranger continuer ses études. Au bout de trois ans il demanda à son maître la permission de revenir chez lui. Le maître lui inspecta les lignes de la main et lui dit : « Tu ne devrais pas retourner chez toi, mais, puisque tu le veux, pars. Tu rencontreras de grands périls ; pour te prémunir contre eux j’ai quatre instructions à te donner, n’oublie pas de les suivre : N’entre pas dans les pagodes ; ne désire pas les parfums ; ne chasse pas les poules ; ce n’est ni trois, ni quatre, ni six[2] ».

L’étudiant salua son maître et partit. Après un jour de marche il fut surpris par une tempête, sans qu’il s’offrit d’autre abri qu’une pagode de village. Fidèle aux instructions de son maître, il préféra rester dehors que de s’y réfugier, et bien lui en prit, car elle s’écroula et tous ceux qui étaient dedans furent écrasés.

Ayant repris son chemin il arriva chez lui où il fut reçu avec de grandes démonstrations de joie. Elles étaient feintes, car pen-

  1. L’étudiant se marie jeune pour assurer la perpétuité de sa famille. Il n’est pas rare de le voir après son mariage et surtout après qu’il a eu des enfants quitter sa famille pour aller continuer ses études auprès d’un maître plus ou moins célèbre.
  2. Le début du Luc vàn tiên a de l’analogie avec ce conte. L’on y voit aussi un maître doué de pouvoirs surnaturels et versé dans les calculs magiques prédire à l’élève qui le quitte les dangers qui l’attendent.