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dant son absence sa femme avait pris un amant. Elle fit semblant d’aller au marché et courut chez l’amant pour le prévenir de l’arrivée de son mari et se concerter avec lui. L’autre lui dit : « Prépare de l’eau parfumée pour laver la tête de ton mari. La nuit je viendrai et je le tuerai. »

La femme fit donc bouillir de l’eau parfumée et dit à son mari de se nettoyer la tête. Le mari, se rappelant la seconde parole de son maître qui était de ne pas désirer les parfums, refusa, et la femme se parfuma elle-même pour ne pas laisser perdre l’eau qu’elle avait préparée. La nuit venue, l’amant se glissa auprès du fit des deux époux et, se guidant par l’odorat, coupa la tête parfumée et s’enfuit.

Le mari se réveilla en sursaut et vit sa femme morte à ses côtés, sans savoir comment cela était arrivé. Il appela au secours. Les autorités du village accoururent et l’interrogèrent, mais il eut beau protester de son innocence, on l’arrêta et on le conduisit au magistrat. Celui-ci l’interroga à son tour ; il raconta tout ce qui lui était arrivé, mais il ne pouvait désigner le meurtrier de sa femme, et le magistrat le conserva en prison pour examiner l’affaire à fond. Il y resta longtemps sans que la lumière se fit.

Un jour que l’on avait mis du paddy à sécher, le prisonnier avait été chargé de veiller à ce que les poules ne le mangeassent pas. Les poules vinrent, mais, fidèle au troisième commandement de son maître, il ne les chassa pas. Le magistrat lui demanda pourquoi, chargé de garder le paddy, il le laissait manger par les poules. L’étudiant répondit : « Mon maître, prévoyant que j’allais courir de grands périls, m’a fait quatre injonctions : il m’a commandé de ne pas entrer dans les pagodes, et une pagode où, sans cela, je serais entré s’est écroulée ; de ne pas aimer les parfums ; j’ai refusé de me parfumer la tête, et ma femme, qui