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XIII

DEVINS.



Deux devins[1] aveugles étaient mal dans leurs affaires et ne savaient plus où trouver de quoi manger. Ayant entendu dire que sur la rive il se trouvait une barque vide, ils résolurent de l’enlever et d’aller la vendre ailleurs. Nos deux hommes se jetèrent donc dans la barque et ramèrent de toutes leurs forces, mais ils ne s’aperçurent pas qu’ils ramaient en sens inverse l’un de l’autre, de sorte qu’après avoir peiné toute la nuit ils se trouvaient au même point. Le maître du bateau arriva et leur demanda ce qu’ils faisaient dans son bateau. Les autres qui se croyaient bien loin du point de départ lui répondirent insolemment. L’homme sauta dans le bateau et se mit à taper sur les devins qui s’enfuirent. Dans leur fuite ils se heurtèrent contre un cocotier et, croyant avoir encore affaire au maître du bateau, se prosternèrent devant lui pour le prier de les laisser aller.



Un éléphant passait dans un village ; trois devins aveugles voulurent eux aussi aller voir cette bête curieuse et dirent à leur guide de les y mener. Seulement comme ils ne pouvaient pas

  1. Thây boi. Beaucoup de ces devins sont aveugles ou feignent de l’être pour inspirer plus de confiance dans leurs prédictions.