Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/10

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manger, et qui pour amener cette maturation n’a aucun travail à fournir, celui-là ne se livre pas à une opération capitalistique. Mais il en sera autrement s’il est obligé de dépenser une somme quelconque de travail ; car ce travail qu’il dépense en vue d’un résultat éloigné, il eût pu le dépenser en vue d’un autre résultat, moindre sans doute, mais immédiat, ou du moins plus rapproché qu’e celui-là ; il eût pu encore ne point le dépenser du tout : or la peine qu’il se fût évitée est comparable tout à fait, dans l’arithmétique économique, à un plaisir immédiat qu’il se fût procuré.

En somme la capitalisation n’est pas autre chose que la manifestation dans l’ordre économique de la prévoyance de l’homme. Cette manifestation est partout dans notre vie économique, puisque à chaque instant il nous arrive soit de nous imposer un labeur qui ne donnera ses fruits qu’après un temps plus ou moins long, soit de renoncer avantageusement à la consommation destructive que nous pourrions faire sur l’heure d’un bien que nous possédons. Mais elle peut se présenter sous des aspects différents.

Tantôt on s’inflige une peine pour obtenir par la suite des biens qu’on n’eût pas eus sans cela, pour avoir plus facilement ou en plus grande quantité des biens que l’on savait déjà se procurer : ainsi l’on accroît le rendement d’une terre par des travaux de drainage, l’on facilite l’adduction de l’eau, le transport des marchandises en construisant des canaux ou des chemins de fer, l’on rend possible la capture du gibier en fabriquant des armes à feu, etc.

L’opération capitalistique peut consister à laisser l’action soit des forces naturelles, soit des lois sociales améliorer ou augmenter un bien dont on pourrait faire une consommation immédiate : à laisser vieillir