Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/9

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

capital privé qui, dans la production, est employée en vue du futur au mieux des intérêts de la collectivité ? sera-ce toute cette partie du capital privé dont l’emploi est destiné à accroître, encore qu’il ne doive pas toujours l’accroître le plus possible, le bien-être collectif dans le futur ? ou bien si par capital social il faudra entendre — élargissant la notion jusqu’à la faire coïncider presque avec celle de richesse sociale — tous ces biens qui pourraient, employés d’une certaine façon dans la production, servir à accroître dans le futur le bien-être social ? Contraint de renoncer à la conception ordinaire du capital social, on sera très en peine sans doute de choisir entre les trois conceptions qui s’offriront pour la remplacer. Et c’est pourquoi la science économique, si elle doit se demander l’avantage que la société dans son ensemble retire des opérations capitalistiques des particuliers, fera bien de ne point parler de capital social ; c’est pourquoi encore j’écarterai avec soin, cherchant à définir le capital, cette préoccupation de l’intérêt social qui d’une façon plus ou moins consciente a fait adopter à certains auteurs des définitions beaucoup trop étroites.

3. Qu’est-ce donc que le capital ? Avant de répondre à cette question, il faut considérer l’opération capitalistique, la capitalisation[1].

Capitaliser, c’est essentiellement retarder une jouissance pour la faire plus grande, ou pour obtenir en place d’elle une jouissance plus grande. Celui qui attend la maturation d’un fruit pour le cueillir et le

  1. On sait que ce mot a deux significations. La capitalisation, c’est tout d’abord ce calcul par lequel on établit la valeur d’un bien productif de revenus en partant des revenus qu’il donne. C’est aussi cet acte économique dont je parle ci-dessus.