Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/11

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du vin, à laisser pousser une forêt, à prêter une somme d’argent qui vous sera rendue avec un surplus.

D’autres fois, l’opération capitalistique consiste à créer par son travail des biens dont l’utilité ne sera perçue que dans le cours d’une longue durée — des maisons, des meubles par exemple — en place de biens que l’on eût consommés instantanément, ou dans une durée moindre.

On capitalise encore lorsqu’on conserve un bien durable pour en jouir au lieu d’en tirer une jouissance d’une autre espèce qui serait plus prompte, lorsqu’on garde un meuble au lieu de le brûler pour se chauffer.

Enfin c’est capitaliser que de conserver un bien destiné par sa nature à une consommation destructive, en vue d’un accroissement que les circonstances produiront dans l’utilité de ce bien : c’est capitaliser par exemple que d’amasser des provisions pour parer à une disette.

4. Dans les explications qui précèdent, la capitalisation a été envisagée d’un point de vue subjectif : j’ai mis en présence d’un côté une privation ou une peine que le « capitaliste » s’infligeait, de l’autre un supplément de bien-être qu’il acquérait. La capitalisation peut encore être envisagée d’un point de vue objectif : alors les deux termes mis en présence ne seront plus une utilité négative et une utilité positive, mais une valeur négative et une valeur positive ; on considérera d’une part ce que le capitaliste abandonne comme valeur — j’entends comme valeur d’échange —, d’autre part ce qu’il acquiert.

Les deux concepts de capitalisation au sens subjectif et de capitalisation au sens objectif ne coïncident pas. Un exemple suffira à le montrer. Soit un individu qui, ayant en sa possession une provision de