Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/12

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blé, garde ce blé au lieu de le consommer de suite parce qu’il prévoit que, pour telle raison que l’on peut imaginer, ce blé lui sera quelque jour plus utile que dans le présent. Cet individu fait une capitalisation au sens subjectif du mot. Si toutefois, dans ce moment du futur où le blé sera consommé, la valeur, le prix de ce blé doit être inférieur à ce qu’il est présentement, il n’y aura pas là de capitalisation, au sens objectif du mot.

Des deux concepts que je viens de distinguer, le premier logiquement est à coup sûr le concept subjectif. Qu’on suppose un individu complètement isolé : il aura à mesurer des utilités, et il ne connaîtra pas de valeurs, il pratiquera donc la capitalisation subjective, et point l’autre.

Néanmoins c’est au concept de capitalisation objective seul que nous aurons affaire, c’est de lui que je parlerai quand je parlerai de capitalisation sans spécifier. C’est dans la société en effet que je me place, dans la société, où les biens ont une valeur en même temps qu’ils ont pour chaque individu une utilité. Or à partir du moment où les biens prennent une valeur, la notion de capitalisation subjective cesse d’avoir aucune importance pratique. Dans la société, il n’est point fait de capitalisation subjective qui ne soit en même temps capitalisation objective. Le blé qui doit m’être plus utile dans un an, je ne le conserverai pas, s’il doit valoir moins cher à ce moment ; il m’est plus avantageux de le vendre, pour en racheter plus tard une égale quantité. Et d’autre part des capitalisations objectives sont pratiquées même alors qu’elles ne sont pas en même temps des capitalisations subjectives : un bien qui vaut 100 fr. et qui est destiné à valoir 110 fr. dans un an sera conservé pour être vendu à ce moment, même si son utilité pour