Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/119

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talent dont l’exploitation lui promette ce rendement supérieur à l’intérêt. Il faut en outre que l’emprunteur ait avantage à emprunter à intérêts, au lieu d’économiser les capitaux qui lui sont nécessaires, autrement dit, il faut qu’il lui en coûte plus de se constituer des capitaux par l’épargne qu’il ne lui en coûtera de servir l’intérêt normal à son prêteur. Il faut enfin que le prêteur trouve dans la perception de l’intérêt normal le dédommagement de ce que son épargne lui coûte, et qu’il n’ait pas la possibilité de retirer d’une entreprise qu’il monterait lui-même, l’intérêt qui lui sera servi[1].

On peut dès lors concevoir les combinaisons multiples qui ont lieu de l’intérêt et des autres sources de revenus. Je ne prendrai qu’un exemple, dans lequel je combinerai l’intérêt avec la rente foncière. Soit une terre. Cette terre donne un produit même alors qu’on ne dépense sur elle aucun capital. L’hypothèse est irréelle ? sans doute elle l’est, comme toute hypothèse d’une production qui ne serait à aucun degré capitalistique. Une production demande toujours du temps pour se développer, elle exige toujours des avances ; en fait de dépenses non capitalistiques il n’y a que celles qui accompagnent la consommation, telle la peine qu’on se donne pour mâcher ses aliments, et

  1. Mettons deux individus en présence, et isolons-les du reste de la société. Le prêteur exigera un intérêt qui le dédommage de son épargne, et qui de plus ne soit pas inférieur à ce qu’il obtiendrait de rendement dans une entreprise à lui. L’emprunteur donnera un intérêt inférieur à ce que l’épargne des capitaux empruntés lui coûterait, et inférieur aussi au rendement qu’il attend de l’emploi de ces capitaux. Soit a ce que l’épargne des capitaux coûte au prêteur, c ce qu’elle coûterait à l’emprunteur ; soit b le rendement maximum que le prêteur puisse obtenir en faisant valoir ses capitaux dans une entreprise à lui, et d le rendement attendu par l’emprunteur. Le prêt se fera si la plus grande des quantités a et b est inférieure à c et à d. L’intérêt s’établira entre la plus grande des quantités a et b, comme limite inférieure, et la plus petite des quantités c et d comme limite supérieure.