Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/13

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celui qui le détient doit diminuer dans l’intervalle[1].

5. Remarquerai-je, maintenant, que le concept de capitalisation, tel que je viens de le définir, a une extension plus grande que celle que certains auteurs lui assignent ? Un individu achète une maison pour l’habiter, un piano pour s’en servir. Fait-il, en cela, une opération capitalistique ? À cette question je réponds affirmativement. Notre individu en effet débourse une certaine somme afin de se procurer la jouissance de la maison, du piano en question. Fractionnons cette jouissance par années. La jouissance d’une maison, d’un piano pendant une année a un prix sur le marché. Or en additionnant les prix de jouissances fragmentaires que notre individu s’est assurées, on constate qu’on obtient une somme supérieure au prix payé pour la maison ou le piano.

On répugne cependant en général à classer l’achat ou la construction des biens durables de consommation parmi les opérations capitalistiques. On incline à ne reconnaître comme opérations capitalistiques que ces opérations où la valeur acquise moyennant une dépense, un renoncement temporaire, est « réalisée ». Acheter une maison, un piano pour le louer, tout le monde accordera que c’est capitaliser : en telle sorte que si une maison que son propriétaire a construite pour l’habiter lui-même vient à être louée, la construction de la maison devient rétrospectivement une opération capitalistique, après avoir été quelque chose d’autre. Mais à la vérité la a réalisation » de la valeur n’a aucune importance ; c’est une complication qui ne

  1. Si cependant le bien qui vaut 100 fr. a pour son propriétaire une utilité supérieure à 110 fr., supérieure, en d’autres termes, à l’utilité du plus utile des biens que notre individu peut acquérir avec les 100 derniers francs de son avoir, alors le bien sera consommé tout de suite, l’opération capitalistique ne sera point faite.