Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/121

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54. Les vrais rapports qui unissent l’intérêt aux autres titres de revenus ont été souvent méconnus par les auteurs. Il est arrivé à certains de ces auteurs de ne pas voir de quelle façon à l’intérêt venait s’ajouter un revenu d’autre espèce, et de transformer un rapport de concomitance en un rapport de dépendance. Il est arrivé à d’autres économistes de ne pas dire avec assez de précision comment, employant du capital, on donnait naissance à la fois à l’intérêt et à d’autres sortes

    de 10.000 fr., soit de 20.000 : on considère ce qui reviendra de l’application de 10.000 fr., puis de 10.000 fr. encore venant s’ajouter aux premiers, etc. On connaît la loi de la diminution des rendements. Cette loi n’est pas absolument vraie ; il se peut qu’avec une avance de 10.000 fr. on obtienne un rendement de 2 %, et que, avançant 20.000 fr., on ait de ces 20.000 fr. 4 %. Mais cette loi est vraie en ce sens que des capitaux étant dépensés successivement sur un même fonds, il vient un moment où le rendement des capitaux additionnels tombe, et tombe en telle sorte qu’aucune des quantités que l’on pourra ajouter à une certaine quantité de capitaux déjà dépensés ne rapporte plus l’intérêt normal : il n’est pas de fonds comportant une application indéfinie — et toujours lucrative — de capitaux ; s’il en était de pareils d’ailleurs, toute l’économie de la société serait bouleversée. Eh bien on s’arrête, dans l’application à un fonds de capitaux successifs, précisément à ce moment où aucune addition nouvelle, quelle qu’elle soit, ne donnera plus l’intérêt normal. 10.000 fr. donnent 2 %; 10.000 fr. supplémentaires donnent 6 %, soit pour les 20.000 fr. 4 % : j’avancerai ces 20.000 fr., si l’intérêt normal est de 3, 5 %. Mais je n’irai pas plus loin, si des capitaux additionnels de 10.000 fr. doivent donner successivement 2, 5 %, 1 %, 2 %…, quand même le cinquième : de ces capitaux additionnels devrait donner 4 %, car les 50.000 fr, qu’il me faudrait ajouter aux premiers 20.000 fr. ne me rapporteraient pas 3,5 %. Je n’irai pas plus loin — je reviens à ma remarque de tout à l’heure —, bien que en ajoutant 10.000 fr. aux 20.000 tout d’abord avancés j’aie pour l’ensemble de mes avances 3,5 % : car la troisième somme dé 10.000 fr., si elle fait le rendement de l’ensemble des capitaux avancés égal à 3,5 %, ne rapporte elle-même que 2,5 % ; et elle me rapporterait 3,5 % ailleurs.
    Il va de soi que la décomposition que j’ai faite des revenus des fonds de terre est théorique. Là où les terres sont cultivées au mieux, la distinction ne se fait pas dans la pratique de la rente primaire de la terre et de la rente secondaire, laquelle est une rente capitalistique en ce sens qu’elle a pour condition l’application du capital à la terre : on réunit ces rentes en une seule masse, ou plutôt, opérant la déduction de l’intérêt, on les laisse réunies.