Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/123

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port étroit entre l’intérêt et la rente foncière. Mais ce rapport est très différent de celui que voyait Turgot. Pour Loria, l’intérêt ne découle pas de la rente, l’intérêt comme la rente n’existe qu’autant qu’une certaine condition est réalisée : tous deux apparaissent dès que la terre cesse d’être libre, dès que les membres de la société perdent, par suite de l’appropriation de la terre, la possibilité d’entreprendre à leur compte des exploitations foncières, et qu’ainsi une partie d’entre eux se trouvent contraints de s’offrir comme travail leurs salariés.

Que l’on voie bien le caractère de cette théorie : elle ne fournit pas le moins du monde l’explication de l’intérêt ; elle ne nous dit pas pourquoi, la terre cessant d’être libre, l’intérêt prend naissance ; nous sommes réduits à deviner chez Loria une explication sous-entendue, qui est celle de la productivité. Ce que fait Loria, c’est d’indiquer une condition indispensable de l’intérêt, laquelle viendrait s’ajouter à celles que d’autres auteurs ont pu reconnaître : et par là, d’enseigner un moyen de supprimer l’intérêt.

La théorie de Loria est d’ailleurs inacceptable. La terre est libre, pour lui, quand les travailleurs ont des fonds à leur disposition que l’on peut cultiver sans capital. Imaginons donc que la terre soit libre, au sens que Loria donne à cette expression. Qu’en résultera-t-il ? il en résultera que le travailleur exigera comme salaire, de la part de celui qui demande à l’employer, l’équivalent au moins de ce qu’il tirerait, par son travail, des terres disponibles. Il s’établira entre les entreprises occupant des salariés et les exploitations foncières conduites parle seul propriétaire un équilibre tel que les salariés gagnent ce que tire de sa terre le moins avantagé des propriétaires fonciers non capitalistes. Toutefois le capital donnera une