Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/124

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plus-value. Les producteurs dissociés, suppose Loria, obtiennent chacun un produit égal à 50[1] ; un producteur isolé, avec du capital, a 70 ; ce même producteur, employant un salarié, a 140 : le capitaliste, dès lors, appliquant lui-même son capital à sa terre, aura une plus-value égale à 20 ; et il en aura une de près de 90 en employant un salarié ; car celui qui n’a pas de capital consentira à travailler pour lui moyennant un salaire de 51 — c’est plus qu’il ne tirerait d’une terre à lui —. Et ce n’est pas seulement la plus value capitalistique, c’est l’intérêt encore qui peut exister dans le régime de la terre libre. Soit un propriétaire qui, dépensant dans sa terre un capital K, porte son revenu de 50 à 70 ; il n’a point avantage à dépenser sur sa terre plus que K ; si donc il possède 2 K, il pourra prêter K à un autre propriétaire, dont le revenu sera porté par là de 50 à 70. Dans ces conditions, le deuxième propriétaire ne consentira-t-il pas à abandonner au capitaliste prêteur une partie de l’excès de 70 sur 50, pour bénéficier du reste ?

Loria cependant se croit en droit de nier que, la terre étant libre, il puisse y avoir un rendement, un intérêt du capital. Et il invoque cette raison que le salarié, si son employeur ne veut pas partager également avec lui, peut, en cultivant une terre à lui, amasser du capital et se transporter dans la condition de son employeur ; il prétend que le propriétaire emprunteur ne consentira pas au partage que j’ai dit, parce qu’il peut se constituer par des économies lecapital K. Mais il se trompe en cela : notre emprunteur — pour ne parler que de lui — peut-être n’est pas en état de faire cette épargne ; il se peut qu’ayant un revenu moindre, ou des besoins plus grands que

  1. Analisi della proprietà capitalista, Turin, 1889 ; voir pp. 1 et suiv.