Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/14

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change rien à l’essence des phénomènes : cela revient au même, en définitive, qu’on fasse une dépense pour se procurer dans l’avenir des biens — d’une valeur supérieure à cette dépense — que l’on consommera directement, ou pour se procurer des biens que l’on vendra. Et n’est-ce pas l’essence des faits à laquelle la science doit s’attacher ?[1]

6. La capitalisation étant ce qu’on vient de voir, que sera le capital ? On peut le chercher de deux côtés différents : on peut appeler capital le bien auquel on renonce pour un temps, et on peut aussi appeler capital les biens que l’on aura acquis par ce renoncement, et desquels on tirera, d’une manière ou de l’autre, des jouissances plus tardives, mais plus grandes.

Ces manières d’entendre le capital sont toutes deux justifiées par l’usage : on désigne du nom de capital la somme qui est prêtée à un emprunteur, cette somme à laquelle on renonce moyennant la restitution future d’une somme supérieure ; on dit de même que l’entrepreneur engage des capitaux dans son entreprise, qu’il place ses capitaux dans cette entreprise ; et d’autre part on appellera capitaux les usines, les machines, les matériaux que notre entrepreneur aura achetés avec son argent.

Cependant, soit que nous choisissions l’une, soit que nous choisissions l’autre des conceptions en présence, nous nous trouverons en face de difficultés graves, résultant ou des habitudes de la langue, ou même de la réalité des choses.

Appelons capital ces biens auxquels, dans l’opération de la capitalisation, on est obligé de renoncer

  1. On verra mieux combien il était utile d’assigner au concept de capitalisation l’extension que je lui ai donnée, quand j’arriverai a parler de l’intérêt des biens durables (chap. III, §§ 43 et suiv.).