Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais la faute la plus grave peut-être où soient tombés les auteurs qui ont traité du profit, c’est d’avoir étudié le profit, d’avoir cherché où se trouvait l’origine de ce profit, sans s’être posé au préalable cette question primordiale et essentielle : y a-t-il un revenu spécifiquement distinct de l’intérêt, de la rente, du revenu du travail ? Toute une école d’économistes, dont les représentants sont principalement en Angleterre[1], a cherché dans l’emploi du capital l’origine du gain de l’entrepreneur, qu’elle appelle profit. Elle n’a pas assez considéré que si des entreprises également bien dirigées donnent, avec des avances de capitaux inégales, des bénéfices différents, d’autre part des entreprises montées avec des avances de capitaux égales donnent des bénéfices différents selon la façon dont elles sont dirigées ; qu’ainsi la personne de l’entrepreneur a ici une grande importance. Mais surtout elle a oublié d’examiner si la thèse qu’elle soutenait détruisait vraiment la spécificité du profit, ou permettait à cette spécificité de subsister. Elle peut paraître nier la spécificité du profit et faire du profit simplement une partie du revenu du capital ; mais si souvent le profit ne peut naître que moyennant une avance de capital, il en va tout de même pour la rente ; et l’avance du capital, condition nécessaire de l’apparition du profit, comme de la rente, n’est peut-être pas plus une condition suffisante de celui-là que de celle-ci. En somme la question demeure en suspens. De même pour cette école qu’on a pu nommer l’école française, et qui fait dériver le gain de l’entrepreneur de son habileté. On peut reprocher à cette école d’oublier trop le rôle que joue le capital

  1. Voir sur cette école anglaise et sur l’école française qui s’y oppose Pierstorf, Die Lehre vom Unternehmergewin, Berlin, 1875. A, 1-2, Mataja, Der Unternehmergewinn, Vienne, 1884, i, A-B.