Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/15

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pour un temps, que l’on est obligé de sacrifier. Où seront, dès lors, les capitaux ? Dans les cas où il y aura eu renoncement à la consommation d’un bien disponible, le capital sera ce bien lui-même, considéré dans la valeur qu’il avait au moment même du renoncement. Lorsqu’il aura fallu dépenser une certaine somme de travail, le capital sera cette somme de travail, toujours considérée dans sa valeur — c’est la valeur des biens que, le travail étant dépensé d’une autre manière, on eût pu se procurer par lui —[1].

Le capital sera-t-il, compris de la sorte, quelque chose de saisissable, de concret. Parfois sans doute : si, ne travaillant pas moi-même, je fais construire par d’autres, à prix d’argent, des usines, des machines, si je fais exécuter des améliorations sur ma terre, si j’achète, encore, des biens durables, si enfin je prête de l’argent, le capital sera représenté par l’argent que j’aurai aliéné. Mais si je travaille moi-même à me fabriquer des outils, il faudra chercher le capital dans le travail dépensé, autrement dit dans le bien que j’eusse pu me procurer pour une consommation immédiate. Si je conserve un meuble au lieu de le brûler, le capital sera représenté par ce que vaut le meuble en tant que moyen de chauffage. Le capital du propriétaire de forêt, ce sera sa forêt prise dans le moment où ce propriétaire, tenté de la couper, a préféré la laisser croître encore. Le capital de celui qui amasse des provisions, ce sera la valeur de ces provisions prises dans le moment où l’on eût été tenté

  1. Il ne convient pas, en règle générale, de faire entrer en compte les subsistances consommées pendant le travail capitalistique : car au travail ou au repos, nous avons toujours besoin de subsistances ; les subsistances consommées pendant le travail capitalistique ne devront être prises en considération que pour autant que ce travail nécessiterait une alimentation plus coûteuse que celle qui nous est nécessaire au repos, ou pour un travail d’une autre espèce.