Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/142

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été indiquée tantôt. Cette deuxième raison se trouverait — j’ai déjà dit qu’il fallait la poser hypothétiquement — dans la façon dont s’établit la prime d’assurance que les entrepreneurs, lorsqu’ils sont heureux, perçoivent sur les consommateurs. Sans doute les entrepreneurs, quand avant de lancer leurs entreprises ils supputent les résultats qu’ils en doivent obtenir, ne détaillent pas, ne distinguent pas avec netteté les éléments qu’ils veulent retrouver dans leur produit brut. Il n’en est pas moins clair que la considération des risques plus ou moins grands qu’ils courent influera sur la détermination positive ou négative qu’ils prendront, et qu’ainsi on est en droit de détacher du produit des entreprises une certaine portion pour y voir une prime d’assurance.

Quels sont donc les facteurs qui agissent ici, et qui déterminent le rapport des primes perçues contre les risques aux pertes des entrepreneurs ? Il en est de tout extérieurs et objectifs : ainsi par suite d’un accroissement du numéraire plus rapide que la multiplication des échanges, il peut se faire que pendant une période très longue les prix des marchandises aillent toujours baissant ; les entrepreneurs, peu habitués à regarder ce qui ne concerne pas spécialement leur spécialité, ne verront-ils pas de ce fait leurs prévisions trempées, et trompées dans un sens à eux défavorable ? Mais ce sont surtout des facteurs psychologiques qui agiront : peut-être les entrepreneurs dans l’ensemble ont-ils trop de timidité, et sont-ils trop effrayés par les risques qu’ils courent : peut-être, veux-je dire, leur faut-il des primes d’assurance supérieures aux pertes qu’ils feront — il est légitime qu’on redoute une perte plus qu’on ne désire un gain égal[1] — ; peut-être aussi

  1. La perte d’argent est accompagnée souvent d’autres désagréments : perte de la considération publique, etc. Économiquement d’ailleurs