Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/143

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les entrepreneurs sont-ils trop hardis, trop confiants. Tous ces facteurs, objectifs et psychologiques, varieront avec les temps, avec les pays ; et selon les différentes façons dont ils se composeront entre eux, on verra les primes d’assurance des entrepreneurs — pour autant qu’il est permis de les isoler du produit des entreprises — dépasser les pertes, ou rester au-dessous.

Il peut donc y avoir un gain d’entreprise spécifique ; il sera intéressant de noter que ce gain ne va pas nécessairement, qu’il ne va pas tout entier à l’entrepreneur. Reprenons l’exemple de tout à l’heure ; sur une terre qui ne rapportera à son propriétaire que 10.000 francs le jour où il ne m’aura plus comme fermier, j’obtiens un produit de 15.000 francs ; et nulle part ailleurs je ne puis gagner plus de 3.000 francs. Ainsi sur les 15.000 francs de mon produit, il y a 10.000 francs de rente, il y a 3.000 francs de revenu du travail, et 2.000 francs de profit. Mais qui ira le profit ? au propriétaire ? à moi tout seul ? plutôt à nous deux. Cependant la chose est incertaine : tout ce qui est sûr, c’est que le fermage que je paierai ne sera pas inférieur à 10.000 francs, ni supérieur à 12.000[1] — Et pour ce qui est des primes d’assurance contre les risques, il est clair que si c’est l’entrepreneur qui les touche quand il met en œuvre ses propres capitaux, c’est le capitaliste prêteur à qui elles vont, sous la ferme d’un surplus ajouté à l’intérêt,

    nous savons qu’il est plus fâcheux de voir sa fortune diminuée de qu’il n’est avantageux de la voir accrue de la même somme.

  1. Le profit pourra aller encore à un travailleur proprement salarié. Si un salarié qui peut gagner 3.000 francs est en mesure de faire rapporter à un fonds 15.000 francs au lieu des 10.000 que ce fonds rapporterait sans lui, le propriétaire lui, donnera un salaire qui pourra varier entre 3.000 francs et 5.000 ; s’il dépasse 3.000 francs, notre salarié percevra, outre 3.000 francs qui sont le revenu de son travail, une part ou le tout du profit.