Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/163

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Böhm-Bawerk n’admet pas non plus que vingt loueurs de pianos, dans une ville, louant leurs pianos, indistinctement aux riches et aux pauvres, retirent de leur commerce un intérêt identique, lequel s’expliquerait dans les divers cas particuliers par des causes radicalement différentes[1]. Comme si la concurrence d’une part des loueurs, d’autre part des locataires, n’expliquait pas de la manière la plus aisée que l’intérêt du capital soit le même dans tous les cas ; comme si une loi élémentaire ne nous faisait pas comprendre que les capitaux iront aux emplois les plus lucratifs, et qu’un même niveau s’établira pour le rendement minimum des capitaux dans toutes les sortes de placements qui leur seront ouverts, quand même ces placements seraient lucratifs pour des raisons tout à fait différentes !

Böhm-Bawerk s’étonne encore, il ne conçoit pas que dans une même maison la location d’un appartement rapporte des intérêts au titre de l’exploitation, celle d’un autre appartement au titre de la productivité. Il ne conçoit pas qu’un appartement passant d’un locataire à un autre rapporte des intérêts successivement à deux titres divers[2] ; encore moins qu’un même locataire dont la situation vient à changer donne au propriétaire un intérêt, sous forme de loyer, d’abord pour une raison, ensuite pour une autre[3]. Mais il ne semble pas que rien dans tout ceci doive paraître inconcevable : si, par exemple, locataire d’une maison que pendant longtemps il m’eût été impossible d’acheter, je viens, par suite d’un héritage, à me trouver en mesure d’acheter cette maison, et que je ne le fasse pas, pourquoi ne serait-il pas nécessaire de

  1. P. 93.
  2. P. 86.
  3. P. 93.