Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/177

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Walras oublie complètement de nous dire pourquoi le capital rapporte des intérêts. Il y a un revenu net des capitaux : voila ce qu’il prend perpétuellement pour donné. Et sans doute le fait est donné ; nous pouvons le constater aisément. Mais la première tâche de l’économie politique pure n’est-elle pas de rendre raison des faits pareils ? Pourquoi donc y a-t-il un intérêt des capitaux ? pourquoi faut-il qu’il y en ait un, pourquoi, en d’autres termes, achète-t-on moins de capitaux si le taux de l’intérêt baisse et pourquoi n’achète-t-on de capitaux qu’à la condition qu’ils donnent un intérêt ? À ces questions, Walras ne fournit aucune réponse. Tout au plus si dans un passage où il critique — comme insuffisamment explicative ! — la théorie de Böhm-Bawerk, on pourrait trouver une très vague indication sur la comparaison que fait chaque créateur d’épargnes entre 1 à consommer immédiatement et i à consommer d’année en année[1] : on s’accordera à reconnaître que ce n’est guère.

81. Walras a oublié d’expliquer l’intérêt ; d’autres auteurs se sont imaginé rendre compte de celui-ci en invoquant des raisons qui n’ont aucunement le caractère de causes efficientes[2]. Ainsi Lehr déclare le phénomène de l’intérêt nécessaire, en se fondant sur cette double considération que les biens donnant des rentes éternelles, si l’intérêt n’existait pas, prendraient une valeur infinie, et que par là des biens donnant des rentes éternelles inégales se trouveraient valoir autant les uns que les autres. Une terre qui annuellement rapporte , et qui rapportera tous les ans,

  1. P. xviii.
  2. À vrai dire nous sommes ici en présence, non pas de théories complètes, mais d’indications qui d’ordinaire accompagnent d’autres indications d’une espèce toute différente.