Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/190

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les frais, ce qui s’ajoute à la dépense présente, c’est-à-dire soit au labeur qu’on— s’impose, soit aux biens que l’on abandonne, c’est le fait que le produit de cette dépense sera perçu après un certain temps ; et ce sacrifice par lequel Senior explique l’intérêt, ce n’est pas l’attente de tel bien — positif ou négatif — particulier, c’est — sans aucune considération de ce bien particulier — le fait que le produit de la dépense consentie ne sera perçu qu’au bout d’un certain temps, tandis que le labeur accompli est accompli dans le présent, et qu’il eût pu servir à obtenir des résultats immédiats.

88. En somme, si l’on entend comme il faut la théorie de l’abstinence, on s’aperçoit qu’elle ne mérite pas les critiques qu’en a faites Böhm-Bawerk. Bien plus, on constate que cette théorie a quelque parenté avec la théorie de Böhm-Bawerk lui-même.

En quoi consiste, essentiellement, cette dernière ? Elle consiste à dire que les hommes préfèrent les biens présents aux bien futurs, et que les rapports qu’ils établissent entre les biens présents et les biens futurs varient avec les individus. L’un égale un bien présent valant 100 francs à un bien consommable dans un an qui vaudra 102 francs ; un autre, à un bien qui vaudra 103 francs ; un autre, à un bien qui vaudra 110 francs, etc. Que l’intérêt courant s’établisse à 5 % — je n’ai pas à exposer ici comment, pour Böhm-Bawerk, s’opère cette détermination du taux de l’intérêt —, ceux pour qui 100 francs présents équivalent à moins de 105 francs disponibles dans un an engageront des capitaux dans des entreprises productives, ou se feront prêteurs ; ceux à qui il faut, pour 100 francs présents, plus de 105 francs après un an d’attente, se feront emprunteurs.

Dès lors, la grande différence qui existe entre la