Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/208

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les moyens productifs employés à des moments différents donnent à chacun des moments où on les considère des produits inégaux, les moyens productifs le plus anciennement employés donnant le plus de produit[1]. Et dans la deuxième démonstration[2], ce que Böhm-Bawerk nous fait voir, c’est que le moyen productif employé tout de suite donnera, dans l’année où son produit sera le plus fort, plus de produit que le moyen productif employé plus tard n’en donnera de son côté, dans l’année ou son produit sera le plus fort. Substitution vraiment curieuse d’une assertion à une assertion différente ; substitution qui ne saurait s’expliquer que par un besoin d’accorder les prémisses du raisonnement avec la conclusion poursuivie, et qui paraît indiquer par là chez l’auteur un sentiment secret d’un désaccord entre cette conclusion et les prémisses tout d’abord posées.

Mais comment se fait le passage de la première assertion à la deuxième ? comment parler d’un moyen productif qui donnerait dans une certaine année son produit le plus fort, après avoir posé que le produit d’un moyen productif, l’attente de ce produit se prolongeant, croissait indéfiniment ? C’est que Böhm-Bawerk, premièrement, considérait la productivité technique du capital toute seule, et qu’ensuite à cette considération il a ajouté celle de la dépréciation systématique du futur, et de la variation du rapport des ressources et des besoins.

On dira peut-être : procéder ainsi, c’est opérer une combinaison des trois causes de la préférence des biens présents ; or Böhm-Bawerk lui-même a déclaré quelque part une telle combinaison illégitime ; il

  1. Pp. 273-278.
  2. Pp. 279-286.