Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/216

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besoins et des ressources, on n’avait jamais avantage à dépenser un capital productivement à telle date plutôt qu’à telle autre. Quittons maintenant le schème de Böhm-Bawerk, lequel, comme on sait, n’est point toujours conforme à la réalité ; ou bien encore cessons de n’étudier qu’une opération capitalistique, comme fait Böhm-Bawerk, pour envisager toute la série des opérations capitalistiques qu’un capitaliste peut entreprendre successivement avec un capital une fois constitué : alors, sans faire intervenir ni la dépréciation du futur, ni la variation des ressources et des besoins, nous verrons le capitaliste avoir avantage, parfois, à avancer sa capitalisation[1].

Le produit d’une opération capitalistique est souvent perçu par fractions successives, et quelquefois la perception du produit se prolonge indéfiniment. Par exemple, le capital qu’on emploie à mettre une terre en valeur donnera un revenu annuel jusqu’à la fin des temps. Imaginons que ce revenu représente plus que le taux courant de l’intérêt, qu’avec une dépense de 1.000 francs je doive m’assurer à jamais un revenu annuel de 100 francs, le taux courant de l’intérêt étant de 5 % : dans ces conditions, j’aurai peut-être avantage à emprunter, au taux de 5 %, les 1.000 francs en question. L’an prochain, il me sera avantageux d’économiser 1.000 francs pour éteindre ma dette : car une réduction de ma consommation égale à 1.000 francs me paraîtra préférable à la perspective d’avoir chaque année 50 francs à payer ; et cette année-ci il me paraît préférable d’emprunter 1.000

  1. J’estime que lorsqu’on discute une théorie il faut se préoccuper de toutes les modifications qui, n’altérant pas l’essence de cette théorie, seraient de nature à la rendre plus acceptable. C’est pourquoi j’examine ici des arguments, des faits qui ne sont pas dans Böhm-Bawerk, mais qu’un partisan de celui-ci pourrait invoquer en sa faveur.