Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/229

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m’y autoriserait peut-être, lui qui, lorsqu’il a parlé de la productivité du capital, n’a jamais songé à rapprocher de cette productivité la possibilité que donne le capital de créer des biens durables plus utiles que les biens de consommation immédiate ; mais nous savons qu’il y a une grande analogie entre les deux faits. Je dirai, plutôt, ce que j’ai déjà dit tout à l’heure à propos des biens productifs : que le capitaliste qui crée un bien durable de jouissance ne marque à coup sûr point par là une préférence en faveur des biens présents ; et que les ouvriers qui construisent pour lui ce bien durable, que les locataires, encore, à qui il donne ce bien, bref que tous ceux que l’on pourrait présenter — d’une manière incorrecte d’ailleurs[1] — comme lui payant l’intérêt de ses capitaux et qui

  1. Au sujet des ouvriers, des fournisseurs de matériaux, je n’aurais qu’à répéter ce que l’on a vu déjà plus haut (§ 107) ; ces gens n’échangent pas à proprement parler, avec le capitaliste des biens futurs contre des biens présents ; ils cèdent au capitaliste des biens qui deviennent en quelque sorte, par l’affectation que leur donne le capitaliste, des biens futurs. Mais n’y aurait-il pas échange de biens présents et de biens futurs entre le capitaliste propriétaire d’un bien durable et le locataire de ce bien ? Quand je loue un appartement, mon locataire ne me donne-t-il pas, en échange de ce que je lui cède, la promesse de me restituer à l’expiration du bail et l’appartement et une somme d’argent ? Son cas n’est : il pas pareil à celui de l’emprunteur qui, recevant 1.000 francs, promet de rembourser 1.000+50 francs ? En réalité, point, L’emprunteur se fait donner 1.000 francs qu’il dépense ; après un an, il rembourse, non pas ces mêmes 1.000 francs qui lui ont été donnés, mais une somme égale. Quant au locataire du bien durable, il restitue Le même bien qui lui a été confié ; un locataire re consomme pas, ne détruit pas la maison qu’on lui loue, Ainsi le prêt d’un bien durable est une opération nettement distincte du prêt d’argent, le locataire du bien durable qui paie l’usage temporaire de ce bien au propriétaire assure à celui-ci l’intérêt de ses capitaux de la même façon que ce propriétaire se l’assurerait à lui-même en habitant sa maison.
    — J’aurais maintenant des remarques à faire sur certaines considérations que Böhm-Bawerk émet à propos des biens durables et de leur intérêt. Je me contenterai de souligner l’étrangeté de ce que Böhm-Bawerk dit de la rente foncière (pages 378-381). D’après Böhm-Bawerk, les théories en cours sur la rente foncière, la théorie de Ricardo, par exemple, expliqueraient seulement pourquoi la terre donne un rendement ; mais ce rendement, dans ces théories, ne serait jamais qu’un