Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/23

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désir humain, c’est procéder d’une manière arbitraire que de situer ces biens, pour ainsi dire, tantôt dans l’accomplissement par quelqu’un d’une action, ou encore dans une idée, tantôt dans un objet concret et tangible ; que l’accomplissement de l’action, l’idée, l’objet ne représentent jamais qu’une des conditions. de la satisfaction du besoin ou du désir considérés On demandera pourquoi il faudrait placer parmi les. biens matériels — en admettant qu’on doive accepter cette dernière notion — les utilités que l’on retire de, la jouissance temporaire d’une terre, d’une maison, d’une œuvre d’art, si c’est là parler et penser correctement. Et si l’on consent à ce qu’il en soit décidé ainsi pour ces utilités, on demandera pourquoi à ces utilités on n’assimile pas les utilités que procure la force de travail qualifiée ou non, c’est-à-dire le travail, les services fournis par les travailleurs.

Les critiques toutefois que je viens d’indiquer ne sont pas décisives. Si la satisfaction d’un besoin est subordonnée à une multiplicité de conditions, il n’en est pas moins vrai que la plus importante de ces conditions, dans certains cas, c’est l’existence d’un objet matériel, dans d’autres cas, celle d’une chose immatérielle, et qu’ainsi il sera permis de parler de biens matériels, auxquels on opposera des biens immatériels. On mettra les utilités des biens durables matériels dans la catégorie des biens matériels — encore que ce soit faire au langage une certaine violence — parce que la jouissance temporaire de ces biens ne se distingue pas essentiellement de la jouissance indéfinie, parce que, économiquement, la propriété ne diffère de la possession que par sa durée non limitée. Enfin on rangera les services dans la classe des biens immatériels, parce que, dans la société actuelle, les hommes sont libres, maîtres d’eux--