Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/240

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concurrence des capitalistes ne donne pas ses pleins effets[1].

Mais — sans aller chercher autre chose — ce qui est vrai de ce revenu anormal du capital, de ce sur intérêt, n’est pas vrai de l’intérêt proprement dit. Normalement, il y a une concurrence des capitalistes qui tend à établir pour toux les capitaux un intérêt ; normalement donc on ne pourra pas parler à propos de l’intérêt d’une exploitation au sens que je viens d’indiquer.


113. 2° Il y a exploitation, dit-on encore, lorsque, dans un contrat, les avantages que l’un des contractants s’assure, les biens qu’il se procure lui sont indispensables, et que tel n’est pas le cas de l’autre contractant. C’est en ce sens que certains affirment que le capital exploite le travail. Ils reconnaissent que le capitaliste ne dépouille pas les ouvriers qu’il occupe : et en effet ces ouvriers ne sont pas les seuls créateurs du produit ; ils n’eussent pas obtenu celui-ci sans l’aide du capital. Mais le contrat qui lie le capitaliste à ces ouvriers lie des parties dont la situation est très différente. Les conjonctures qui déterminent les clauses du contrat sont bien plus favorables pour le capitaliste que pour les ouvriers : elles mettent ceux-ci sous la dépendance de celui-là[2].

Dans ce nouveau sens non plus, l’exploitation n’explique pas l’intérêt du capital. Il faudrait voir en effet si l’emploi de la main-d’œuvre est une condition nécessaire de la naissance du profit et de l’intérêt du

  1. II, pp. 384-385.
  2. Cf. Lexis, dans le Jahrbuch für Gesetzgebung, XIX, I, pp. 335-336, Böhm-Bawerk, II, pp. 330 et suiv., pp. 384-385 : il est vrai que Böhm-Bawerk ne veut pas qu’on se serve ici du mot exploitation (pp. 358 et suiv.).