Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/241

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capital : et l’on s’apercevrait qu’il n’en est pas ainsi. Là même où le capital emploie de la main-d’œuvre salariée, il faudrait montrer comment le capitaliste d’une part, l’ouvrier d’autre part sont amenés à conclure ce contrat qui partage entre eux le produit de leur collaboration : par là seulement l’intérêt serait vraiment expliqué. Et la recherche de cette explication ferait apparaître que la circonstance sur laquelle on insiste tant — à savoir que l’ouvrier est à la merci du capitaliste, qu’il attend de celui-ci sa subsistance — est une circonstance accessoire, Ce qui détermine l’ouvrier à vendre sa force de travail au capitaliste, ce n’est pas essentiellement le besoin qu’a l’ouvrier pour vivre de se faire employer par le capitaliste, c’est l’avantage que l’ouvrier trouve à se faire employer par le capitaliste. Je veux dire que lors même que l’ouvrier serait assuré de gagner par ailleurs sa subsistance — et cette assurance, il lui arrive parfois de l’avoir —, il vendrait encore sa force de travail au capitaliste, si ce capitaliste lui donnait un salaire supérieur au gain sur lequel il peut compter par ailleurs. Que beaucoup d’ouvriers aient un besoin absolu de se faire salarier par les capitalistes, cela aura cette conséquence, non de donner naissance à l’intérêt, mais d’abaisser le niveau où certains emplois du capital — ceux qui impliquent des dépenses en main-d’œuvre — seront lucratifs, d’accroître la capitalisation, de modifier le taux de l’intérêt.

En somme, cherchant l’explication de l’intérêt, on constate — ainsi qu’il a été déjà vu — que l’intérêt, hors le cas du prêt de consommation, ne naît pas du rapport qui s’établit entre le capitaliste et tels individus, ou telle catégorie de membres de la société, mais du rapport qui s’établit entre le capitaliste et toute la classe des non-capitalistes. L’intérêt des capi-