Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/243

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vrier a besoin, pour gagner sa vie, qu’on le salarie, ce n’est pas qu’il n’a pas de capitaux en sa possession, c’est qu’il ne possède rien ; en d’autres termes, et pour être plus clair, quand même le capital ne jouerait aucun rôle dans la production et ne conférerait aucun avantage à celui qui en est pourvu, les ouvriers seraient encore dans une situation dépendante. Ce n’est pas des capitalistes que les ouvriers dépendent, c’est tout d’abord de ceux qui détiennent les moyens de production, telles les terres. Imaginons un pays où toutes les terres seraient appropriées, et appropriées par un petit nombre, dans lequel en outre il n’y aurait pas de capitaux, rien que ces approvisionnements qui permettent à une population de vivre d’une récolte à l’autre. Ne verra-t-on pas dans ce pays les non-possédants se faire salarier par les propriétaires fonciers, et recevoir comme salaire l’équivalent de ce que le dernier employé d’entre eux ajoute à la production de la terre sur laquelle on l’occupe ? Que des capitaux, maintenant, soient importés dans ce pays : ils permettront d’entreprendre des processus productifs de longue durée ; ils élèveront le rende- ment minimum de la main-d’œuvre ; partageant avec la propriété foncière les produits obtenus avec son aide, le capital non seulement laissera à la main-d’œuvre des salaires qu’elle avait précédemment, mais encore il élèvera ces salaires, pour aussi longtemps du moins que la quantité de la main-d’œuvre disponible n’aura pas crû[1]. Bien loin que le capital exploite

    que j’ai cité tout à l’heure. Il y est parlé expressément et à plusieurs reprises de la domination économique des capitalistes sur les ouvriers ; la continuité de cette domination est indiquée comme la raison pour laquelle l’intérêt se proportionne au temps, et est éternel.

  1. C’est le sentiment obscur de celle vérité qui sans doute a inspiré des théories comme celles de George et de Loria, théories d’après lesquelles la condition de l’ouvrier serait entièrement transformée par