Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/244

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les ouvriers, il améliore, d’une certaine manière, leur condition.


114. 3° Il y a exploitation, dit-on parfois, quand un individu n’a qu’une façon de se procurer des avantages, un bien qu’il convoite, que ce bien d’ailleurs lui soit ou non indispensable. C’est en ce sens que Dietzel prend le mot exploitation lorsqu’il explique par l’exploitation l’intérêt de certains biens durables. Un appartement, un piano sont-ils loués à quelqu’un qui ne serait pas en état de les acheter ? alors le propriétaire exploite son locataire, et c’est cette exploitation qui rend compte de l’intérêt qui lui revient[1].

Mais on voit aisément qu’il n’y a rien là qui ressemble à une explication scientifique. Le locataire qui ne pourrait pas se transformer en acheteur est-il dans une situation essentiellement différente de celui qui pourrait acheter, mais qui, pour une raison ou pour une autre, n’a pas ou ne voit pas qu’il ait avantage à acheter ? les deux cas, dans la théorie de l’intérêt, ne doivent-ils pas être confondus ? Pourquoi, le locataire payant l’usage temporaire du bien qu’il loue ce que cet usage représente pour lui d’utilité, et le propriétaire ayant acheté son bien au prix de revient, ce propriétaire perçoit des intérêts, la formule de Dietzel ne le fait aucunement comprendre. Lorsqu’une denrée — comme il arrive souvent — est vendue à des gens qui seraient incapables de la produire par eux-mêmes, qui ne peuvent se la procurer, en

    l’abolition de la propriété individuelle de la terre, ou par l’établissement du régime de la « terre libre ». Ces théories sont fausses d’ailleurs en tant qu’elles voient dans l’appropriation des terres une condition nécessaire de l’intérêt : même sans l’appropriation des terres, la possession du capital, la possibilité de capitaliser conférerait des avantages, permettrait de percevoir des intérêts.

  1. Göttingische gelehrte Anzeigen, 1891, p. 934.