Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/279

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Avant, toutefois, de critiquer l’usage que fait Böhm-Bawerk de la notion de la durée de la production, il importe de bien expliquer ce que représente cette notion.

Dans certains cas, rien de plus facile que de mesurer la durée de la production : si un ouvrier, travaillant tout seul et sans interruption, met 5 ans à fabriquer un objet, il est clair que la production de cet objet aura duré 5 ans. Telle aura été du moins la durée de la production ; quant au temps moyen qui se sera écoulé entre la dépense productive et l’achèvement du produit, il aura été deux fois plus court.

Mais les choses ne seront pas toujours aussi simples. Soit un bien qui coûte à produire 100 journées de travail : il arrivera par exemple que l’une de ces journées aura dû être dépensée 10 ans avant l’achèvement de la production, les suivantes 9 ans, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2 ans et 1 an avant cet achèvement, et les 90 dernières immédiatement avant que la denrée ne fût prête à être consommée. Et un cas plus compliqué encore sera celui d’une entreprise productive qui donnerait son produit non pas d’un coup, mais en plusieurs fois.

Dans tous ces cas où la dépense productive ne se distribue pas dans le temps d’une manière égale et continue, la considération de la durée absolue de la production deviendra tout à fait inféconde ; c’est à la seule durée moyenne de l’attente du produit qu’il conviendra de s’attacher[1].

Comment donc, dans les cas que je viens d’indiquer, la durée moyenne de l’attente se mesurera-t-elle ? Pour ce qui est de l’exemple donné tantôt, cette mesure est

  1. Voir Einige strittige Fragen, p. 6, note ; on trouvera là des renvois nombreux à la Positive Theorie.