Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/29

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certaine manière ce sera une introduction utile à l’étude du problème de l’intérêt.

Une définition très voisine de la mienne, pour ne pas dire identique à celle-ci, est la définition que l’on trouve chez Adam Smith et qui appelle capital cette partie des provisions, des biens obtenus que l’on distrait de la consommation immédiate pour acquérir par là des revenus[1]. Cette définition n’est point, en général, celle des autres économistes. On voit les économistes tantôt construire un concept plus large que celui d’Adam Smith, tantôt au contraire introduire dans le concept de capital des déterminations de nature à le restreindre, par de certains côtés tout au moins. Voyons d’abord ces définitions du capital qui sont plus larges que la mienne.

Beaucoup d’auteurs ont négligé la distinction de ces deux conceptions possibles du capital, celle qui cherche le capital dans les biens auxquels on renonce pour un accroissement futur de richesse, et celle qui le cherche dans les biens que l’on acquiert par ce renoncement et desquels on retirera le revenu futur. À ces biens que j’ai appelés capitaux, ils ont joint les biens qui peuvent être acquis par l’aliénation, par l’avance de ceux-là. Il y a plus ; on considérera souvent qu’il est un emploi des biens assimilable à la consommation instantanée, et que la plupart des biens peuvent recevoir, même parmi ceux-là qui proprement ne se laissent pas consommer d’un coup : cet emploi des biens qui consiste à les vendre. Et ainsi on en arrivera à nommer capitaux tous les biens, en tant que de ces biens on tire des revenus au lieu d’en faire une consommation « abusive », comme auraient

  1. Richesse des nations, II, I (dans la Collection des économistes, V, Paris, 1843, voir p. 336).