Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/299

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des modes très divers : la proportion, parmi les biens que les possédants renoncent à consommer tout de suite, de ces biens qui seront donnés aux ouvriers et de ceux qui ne recevront pas cette destination, cette proportion est variable. Que les ouvriers donc élèvent leurs prétentions, que pour une raison ou pour une autre il faille payer leur travail plus cher, il sera possible jusqu’à un certain point d’accroître dans les productions capitalistiques la proportion de ces capitaux qui ne servent pas — directement ou indirectement[1] — à salarier des ouvriers.

En résumé, Böhm-Bawerk n’indique qu’une conséquence de la variation des salaires, à savoir la modification de la durée du processus productif, laquelle du reste entraînera une variation de l’intérêt. Pour ma part j’en vois quatre. Les salaires, par exemple, haussent-ils ? on pourra observer le phénomène que dit Böhm-Bawerk, plus trois autres qui sont : la réduction des productions les plus lucratives, l’abandon des entreprises peu lucratives et le transport de partie des capitaux de ces entreprises aux entreprises précédentes[2], enfin l’adoption de méthodes productives qui feront plus petite, relativement, la portion des capitaux avec laquelle — directement ou indirectement — les ouvriers sont salariés.

Ainsi nous arrivons à cette conclusion que le schème

  1. Il ne faut pas s’en tenir ici à la distinction de ce que Marx appellerait le capital constant et de ce qu’il appellerait le capital variable, un capitaliste achète des matières premières : dans le prix de ces matières premières entre le salaire des ouvriers qui les ont produites.
  2. En définitive, les entreprises de la première catégorie ne seront pas toutes réduites : si une entreprise, malgré l’accroissement des frais de production et la baisse du rendement qui s’ensuit, donne encore aux capitaux une rémunération suffisante, celle entreprise — à moins de supposer qu’elle ne puisse pas être étendue, comme c’est le cas pour les entreprises agricoles, etc. — sera, par l’afflux de capitaux étrangers, rétablie sur le même pied qu’auparavant.