Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

auquel Böhm-Bawerk prétend réduire la théorie de la détermination du taux de l’intérêt, ce schème dans lequel la notion de la durée de la production, servant d’intermédiaire entre le taux des salaires et le taux de l’intérêt, assure, et assure toute seule l’équilibre de ces deux quantités, ce schème n’exprime qu’imparfaitement la réalité[1].


141. Pour porter un jugement équitable sur la théorie de la détermination du taux de l’intérêt qu’a donnée Böhm-Bawerk, il convient de dresser un tableau complet des propositions sur lesquelles toute théorie de la détermination du taux de l’intérêt — de l’intérêt des capitaux productifs — doit se fonder. Ces propositions me paraissent être les suivantes :

1° l’intérêt est nécessairement tel qu’il rémunère tous.les capitaux effectivement employés, et qu’il n’en puisse rémunérer une plus grande quantité ;

2° le salaire est nécessairement égal au produit que

  1. Je ne veux pas entrer dans l’examen de tous les corollaires que Böhm-Bawerk, avec une logique parfaite, tire de son théorème fondamental. Prenons-en un toutefois. Böhm-Bawerk montre comment sa conception permet de comprendre ce fait que l’accroissement du stock des subsistances — disons l’accroissement de la capitalisation — entraîne une baisse de l’intérêt (voir 11, pp. 422-427). De quelle façon les choses se passent-elles d’après lui ? De la façon suivante : il y a plus de capitaux, donc les salaires montent, donc la durée moyenne du processus s’allonge, donc l’intérêt baisse. En réalité, on a des chaînes de causes et d’effets multiples : celle de Böhm-Bawerk, les trois chaînes que l’on peut tirer de mes remarques de tantôt, et enfin la chaîne suivante, vraisemblablement la plus importante de toutes : il y a plus de capitaux, donc on est obligé de monter des entreprises nouvelles, donc — ces entreprises étant naturellement moins lucratives que les précédentes — l’intérêt baisse, Pour se conformer à la réalité il faudrait introduire dans la dernière chaîne la considération de cette hausse des salaires que l’accroissement de la capitalisation ne manque pas d’entraîner : la hausse des salaires réduira l’importance de cette chaîne, en réduisant les entreprises nouvelles que la capitalisation accrue fera chercher, et en diminuant leur nombre.