Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/310

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l’intérêt — ne feraient naître aucun intérêt, ou feraient naître un intérêt infime, celui qui serait nécessaire pour décider les capitalistes à se dessaisir de leurs capitaux.

Supposons que dans un moment donné les sommes que seraient disposés à emprunter à intérêts les gens dont les besoins sont destinés à diminuer ou les ressources à croître s’élèvent à M, et que les sommes qu’ont avantage à économiser ceux dont les besoins sont destinés à augmenter ou les ressources à décroître s’élèvent plus haut que M, qu’il y ait d’ailleurs concordance entre les périodes pour lesquelles les premiers veulent emprunter et celles pour lesquelles les deuxièmes économisent, alors évidemment l’intérêt, par l’effet de la concurrence des capitaux offerts, tombera à peu près à rien. Il tombera à peu près à rien même si les capitaux offerts s’élèvent seulement à M, car selon toute vraisemblance il y aura une dégradation des intérêts que les demandeurs de capitaux seraient disposés à payer, et les moins empressés de ces demandeurs ne voudront donner qu’un intérêt à peu près nul.

146. Quel est donc le rapport réel des capitaux que la variation des besoins et celle des ressources font demander et de ceux qu’elles mettent à la disposition des demandeurs même sans intérêts ? Il est bien difficile de le dire avec précision ; l’on est contraint de se contenter ici approximations et de probabilités.

Pour ce qui est des besoins des individus, il semble qu’ils aillent plus souvent en augmentant qu’en diminuant, si du moins l’on considère le cours normal des choses. L’homme qui commence à avoir des biens à lui verra ses besoins grandir régulièrement, avec le mariage, la venue des enfants et leur croissance, pendant 25 ou 30 ans. Prétendra-t-on que, cette période