Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/318

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nution ou l’extinction prévue des revenus est la capitalisation[1].

Dans l’ensemble, si l’on remarque que les diminutions de revenus prévues par les uns dépassent les augmentations de revenus prévues par les autres, ou du moins que la pensée des diminutions futures de revenus est plus efficiente que celle des augmentations de revenus[2], on se convaincra que les variations prévues des revenus, tout comme les variations imprévisibles, poussent à économiser plus de capitaux qu’elles n’en feraient demander, à l’inverse de ce qui avait été noté pour la variation des besoins.

Mais il convient d’envisager spécialement les effets réels des facteurs que nous étudions ici. Dans la réalité donc, la conclusion ci-dessus, relative aux variations de revenus, se trouvera renforcée : qu’on se rap-

  1. L’assurance contre la vieillesse peut être pratiquée par le moyen de versements réguliers à des sociétés de secours mutuels, à des caisses nationales de retraites. Mais ces sociétés, ces caisses capitaliseront en partie les sommes versées à titre de primes d’assurance.
  2. C’est ici une vérité psychologique curieuse à noter. Mes revenus vont être portés de 10.000 fr, à 20.000. fr. ? il me semble que mon bien-être va être doublé : peu de gens, dans un pareil cas, se rendront compte de l’avantage réel qu’il y aurait peur eux à égaliser leur consommation présente et leur consommation future au moyen d’un emprunt, même contracté à intérêts. Au contraire, sachant que ses revenus vont tomber de 20.000 à 10.000 fr., on fait des économies. Et ce n’est pas là — contrairement à ce qui résultait des considérations un peu trop rigoureuses, et à tendances un peu trop objectivistes que j’ai exposées à diverses reprises — une pure inconséquence : il faut tenir compte de ce fait qu’on jouit par avance d’un accroissement de ses revenus, que cette jouissance anticipée opère jusqu’à un certain point l’égalisation du bien-être dont j’ai parlé. La pensée d’une diminution future des revenus opère une égalisation analogue : seulement cette égalisation se fait par la diminution du bien-être de la période la plus heureuse, au lieu que tout à l’heure elle se faisait par l’accroissement du bien-être de la période la moins bien partagée ; et ainsi, tandis que la première égalisation dispensait de contracter ces emprunts que je déclarais avantageux, la deuxième pousse davantage à faire les économies que je disais.
    Ces remarques sur les variations des ressources vaudraient aussi bien, mutatis mutandis, pour les variations des besoins.