Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son existence : la dépréciation qu’il fera subir aux biens futurs pourra varier selon l’éloignement de ces biens futurs, sans être le moins du monde proportionnelle à cet éloignement. Si vous offrez à notre individu de choisir entre 1.000 francs qui seraient mis à sa disposition immédiatement et 1.020 francs qui lui seraient donnés au bout d’un an — je fais abstraction, bien entendu, de l’intérêt que les capitaux obtiennent sur le marché —, il choisira les 1.000 francs immédiatement consommables : et ceci représente pour la dépréciation que notre individu fait subir aux biens futurs, pour l’intérêt à moins duquel il ne prêterait pas ses capitaux, un taux de plus de 2 % ; est-ce à dire que le même individu préférera 1.000 francs immédiatement disponibles à 1.100 francs disponibles dans 5 ans ? non pas. Le taux de la dépréciation qu’il fait subir aux biens futurs, ce taux, résultant pour une partie d’impressions et de sentiments irréfléchis, et pour une partie d’une pensée raisonnable, la pensée de la mort, laquelle ne saurait faire ce taux proportionnel au temps, sera très irrégulier : il sera sans doute relativement élevé pour les biens futurs prochains, relativement plus faible pour les biens futurs moyennement éloignés, et élevé de nouveau pour les biens futurs très éloignés. Je ferai une différence sensible entre le bien présent et le bien qui ne sera à ma disposition que dans un an ; car il y a comme une différence de nature entre l’un et l’autre ; 1.000 francs présents équivaudront donc pour moi à 1.025 francs, par exemple, disponibles dans un an. Les mêmes 1.000 francs présents équivaudront à 1.100 francs disponibles dans 10 ans : car lorsqu’on a fait tant que de renoncer à une jouissance immédiate, ce n’est plus une si grande chose d’attendre un an ou d’attendre 10 ans. Enfin, les 1.000 francs présents équivaudront à