Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/323

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improductivement. Mais cette destruction de capitaux n’est tout de même pas très importante ; elle n’est pas telle, autant qu’on en peut juger, qu’il dût résulter de la dépréciation du futur, considérée à part des autres causes, un intérêt élevé. Si la dépréciation des biens futurs agit d’une manière un peu notable sur le taux de l’intérêt — et peut-être bien en est-il tout de même ainsi, le phénomène étant très général —, ce sera en tant que l’action de ce phénomène s’ajoute à l’action pareille d’autres facteurs.



152. Je viens maintenant à ces phénomènes dont l’influence sur l’intérêt est non seulement unilatérale,

    per, et de vous tromper d’une manière très préjudiciable, régler votre consommation de telle sorte que voire avoir dure jusqu’à votre mort, et seulement jusque là.
    — Une remarque encore, qui est provoquée par les considérations ci-dessus. On dit que l’économie politique, si elle veut — comme il est nécessaire pour arriver à des lois générales — simplifier la réalité, négliger les exceptions, doit supposer que les hommes sont guidés en toute chose par le souci de leur intérêt, et de leur intérêt bien compris. Ceci peut être vrai des autres parties de l’économique ; c’est assez loin d’être vrai de celle partie de l’économique qui traite de la capitalisation La dépréciation du futur, en tant qu’elle ne résulte pas de la pensée de la mort — cette dépréciation qui joue ici un rôle malgré tout assez notable — est un oubli ou une méconnaissance par l’individu de ses vrais intérêts. Et d’autre part, si l’individu était attaché à ses seuls intérêts, qu’arriverait-il ? que chacun consommerait avant de mourir tout son avoir ; on consommerait tous les capitaux qu’on aurait créés, on consommerait tout ce qu’on pourrait obtenir par la vente de ces biens non consommables qui produisent des revenus : l’intérêt serait formidablement élevé, le progrès économique n’existerait pas, ou plutôt même on retournerait très vite à l’état pré capitalistique, à la barbarie. En fait, sur ce point tout à fait important on voit l’intérêt individuel, l’intérêt bien entendu, s’effacer le plus souvent derrière d’autres sentiments : l’amour de la famille, sentiment altruiste ; puis des sentiments égoïstes irrationnels, si l’on peut ainsi parler, comme le désir de ne pas voir son bien diminuer de son vivant, le sentiment qu’en disposant de ce bien pour après sa mort on fait que quelque chose survive de vous ; enfin la soumission à la coutume. Mais je reviendrai sur celle remarque dans l’appendice I, § 5.