Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/346

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les le renoncement initial est consenti, et dans lesquelles le produit final est obtenu.

2. Un exemple fera bien comprendre ma pensée. Dans L’utilité sociale de la propriété individuelle, je me suis demandé si présentement, sous le régime de la propriété privée, le quantum de la capitalisation — les modes de la capitalisation, le choix des opérations capitalistiques particulières étant provisoirement négligés — était conforme à l’intérêt général[1]. Cherchant à résoudre ce problème, j’ai rencontré cette opinion, assez répandue chez les économistes qui du moins a été défendue par quelques économistes notables, que dans la société actuelle il était capitalisé trop, qu’il y avait surcapitalisation. Et j’ai réfuté l’argumentation qu’ont développée à l’appui de cette opinion Sismondi et Herizka[2].

En ceci, je ne pense pas m’être trompé. Ma réfutation de la théorie de la surcapitalisation reste à mes yeux décisive, et j’y renvoie le lecteur curieux de ces questions. Je demeure convaincu qu’il n’y a pas surcapitalisation générale et constante. Tout ce que je concède, aujourd’hui comme il y a trois ans, c’est premièrement que les capitaux que l’on engage dans la production ne se répartissent pas au mieux entre les branches de la production, qu’il y a toujours un défaut d’équilibre dans la production, qu’il y a en ce sens — si l’on veut parler ainsi — surproduction et par conséquent surcapitalisation dans certaines industries comme il y a sous-production et sous-capitalisation dans d’autres ; c’est, deuxièmement, que dans l’ordre de la capitalisation, quand on envisage la suite des temps, des à-coups surviennent perpétuellement d’où il résulte qu’à certains moments on peut parler de surcapitalisation soit générale, soit partielle : l’ignorance où sont les producteurs de l’état exact du marché, l’impossibilité, dans certaines industries comme les industries agricoles, de connaître

  1. §§ 165-174.
  2. Je n'ai pas parlé de Marx dans mon Utilité sociale de la propriété individuelle. Lui aussi développe de longues considérations sur la surcapitalisation (Le capital, liv. III, chap. 15, etc.). Si on néglige ce qui a trait aux perturbations temporaires aux crises — là-dessus l’ouvrage de Marx, malgré la fâcheuse confusion qui y règne, contient beaucoup de vues intéressantes —, la théorie de Marx apparaît, elle aussi, tout à fait inacceptable ; elle contient une lourde contradiction. Marx parle d’une surcapitalisation qui résulterait de la tendance du capitalisme à toujours chercher l’accroissement des forces productives, et en même temps il montre le « capital » accumulé ne trouvant plus à s’employer font, parce que ce apical ne peut plus donner un taux de profit « suffisant ». Mais quand la quantité des « capitaux » accumulés s’accroît, le taux de profit qui précédemment n’était pas « suffisant » devient suffisant ; on se contente d’un « profit », c’est-à-dire d’un intérêt moindre. Si vraiment le taux du profit est insuffisant, alors les « capitaux » ne s’accumulent pas ; on les consomme.