Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/347

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à l’avance les rendements qu’on obtiendra, les changements qui se font dans les besoins des consommateurs, les variations du stock monétaire, mille causes amènent des « crises » ou des perturbations de moindre importance qui souvent donnent lieu aux capitalistes de regretter les opérations qu’ils ont entreprises.

Mais si je persiste à nier la surcapitalisation, j’entends la surcapitalisation générale et constante, je me garderai aujourd’hui de répéter qu’on peut conclure immédiatement de l’existence de l’intérêt à l’insuffisance de la capitalisation, qu’on ne capitalisera assez que le jour où l’abondance des capitaux fera tomber l’intérêt à zéro.

Celui qui songe à avancer une somme, disais-je naguère, ne se contente pas de l’assurance qu’il récupérera cette somme, il lui faut plus ; ne doit-on pas regretter qu’il ne soit pas travaillé davantage à l’accroissement du revenu social ? Ainsi je me flattais de démontrer a priori que la capitalisation lorsque le soin en est laissé aux particuliers, est toujours au-dessous du niveau que voudrait l’utilité sociale[1]. J’oubliais que la quantité et la valeur objective des biens dont la capitalisation implique l’abandon ou assure l’acquisition n’est pas la seule chose dont il faille tenir compte ; que l’intérêt exigé par le capitaliste représente souvent pour une partie et parfois même dans son entier la rémunération d’un sacrifice réel consenti par ce capitaliste ; qu’il n’est pas indifférent, qu’il est fâcheux souvent pour l’individu — et par conséquent pour la société dont cet individu fait partie — de retirer d’une avance dont la valeur d’échange est m un produit ayant cette même valeur[2]. Ce fait, sur lequel mon attention a

  1. § 173.
  2. On sera peut-être tenté de dire que, la valeur d’échange marquant l’utilité finale des biens par rapport à l’ensemble des consommateurs, il est indifférent pour la société que l’on dépense m aujourd’hui pour retrouver m plus tard. Ce serait mal raisonner. Soit un cultivateur qui sème aujourd’hui 100 fr. de grain, pour retrouver dans un an 100 fr. de grain ; nous supposons que les frais de l’opération sont nuls ; comment le bilan de cette opération s’établit il ? Notre cultivateur consommera dans un an 100 fr. de denrées diverses, au lieu de faire cette consommation dès cette année-ci ; les autres consommateurs consommeront celle année-ci, au lieu du grain que le cultivateur a acheté, les denrées diverses qu’il a renoncé à acheter, et ils consommeront l’an prochain le grain qu’il aura produit, à la place des denrées qu’il achètera, et qu’ils eussent achetées eux-mêmes sans cela. Au milieu de tons ces changements, on voit ce que perd notre cultivateur, si par son opération pseudo-capitalistique il a détruit l’équilibre de sa consommation ; on ne voit pas a priori que les autres consommateurs aient dû rien gagner. D’une manière générale, à considérer globalement les opérations capitalistiques, il faudra prendre en considération les déplacements que ces opérations amènent dans la consomma