Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/41

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prêtés. Ces rendements sont inégaux : on prête aux États, aux particuliers, tantôt à 3%, tantôt à 4%, tantôt à 5% et plus. Mais cette inégalité ne tient pas à autre chose qu’à l’inégale sûreté des garanties qui vous sont données pour le remboursement du prêt et pour le paiement du surplus promis. Prêter son argent, c’est risquer de le perdre, et c’est le risquer plus ou moins. Aussi dans le surplus que l’emprunteur s’engage à vous payer y a-t-il une prime pour le risque que vous courez, une sorte de prime d’assurance, d’autant plus forte que le risque est plus grand. Si les risques du prêt étaient toujours nuls, tous les prêts se feraient, sous le rapport du surplus exigé des prêteurs, aux mêmes conditions. Retirez du surplus payé par les emprunteurs la prime d’assurance, laquelle varie, il reste une valeur qui, pour la même somme prêtée et pour la même durée de prêt, et dans un même moment, est partout la même, qui sera la même du moins si les prêts sont libres et si les capitaux peuvent aisément se porter là où ils sont demandés. Ce qui reste ainsi du rendement des capitaux prêtés, quand on retranche la prime d’assurance servie au prêteur, c’est l’intérêt pur[1], je dirai plus simplement l’intérêt.

Passons à ces capitaux que leurs propriétaires font valoir eux-mêmes. Le cas n’en est pas pareil au cas précédent. Ces capitaux en effet donnent des rendements qui, même si l’on fait abstraction de la prime pour le risque, sont inégaux, et extrêmement inégaux. Seulement on peut remarquer ceci, que ceux de ces capitaux qui sont engagés dans les opérations les moins rentables donnent comme rendement[2]abstrac-

  1. Dans le langage courant en effet on appelle intérêt tout le rendement des capitaux prêtés. Mais la science économique a le devoir de dissocier les éléments de ce rendement.
  2. Pour parler correctement, ils ne donnent pas toujours ce rendement ; mais on attend d’eux qu’ils le donnent.