Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/48

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sont ceux qu’il nous est avantageux — ou si l’on préfère, possible — d’acheter.

19. Les remarques qui précèdent nous conduisent à nous demander s’il y a moyen d’effectuer la mesure de cette « somme des besoins » que j’ai définie tantôt : peut-on comparer la somme des besoins d’un individu dans un moment-et dans un autre ? Peut-on savoir si le dernier besoin que notre individu sera en mesure de satisfaire à un certain moment dépassera ou non en intensité le dernier besoin qu’il sera en mesure de satisfaire à un autre moment ?

À vrai dire, une telle comparaison comporte — théoriquement du moins — de très grandes difficultés. D’abord, à supposer qu’elle soit possible, elle devrait être faite par rapport d’une même dépense. J’ai cette année-ci 10.000 francs à dépenser ; j’en gagnerai l’an prochain 15.000. Il se peut que le dernier besoin satisfait avec les 10.000 francs de cette année soit inférieur au dernier besoin que satisferont l’an prochain les deux premiers tiers de mon revenu de ce moment, et que, d’autre part, le dernier besoin satisfait l’an prochain soit inférieur au dernier besoin que je satisferais cette année-ci, si mon revenu était plus gros de 5.000 francs. Ainsi il se manifesterait que mes besoins sont moins grands cette année, par rapport à une dépense de 10.000 francs pour chaque année, et qu’ils sont plus grands, par rapport à une dépense de 15.000 francs.

Négligeons cette première difficulté, il s’en présentera d’autres. Pour comparer deux sommes de besoins, il faudrait prendre dans chaque somme un besoin particulier, qui serait le même pour les deux, et qui servirait à mesurer tous les autres besoins ; et tout d’abord on comparerait l’intensité du besoin choisi comme mesure dans l’un et l’autre des moments donnés. Mais