Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/76

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du filet ? Un des partisans de la productivité, Lauderdale, fonde l’intérêt sur ce fait que l’emploi des capitaux dans la production permet d’épargner de la main-d’œuvre. De cette prémisse, suivra-t-il que le rendement du capital doive être égal au coût de la main-d’œuvre que ce capital permet d’épargner ? En fait — Lauderlale le remarque lui-même — la concurrence des producteurs, amenant une baisse des prix, réduira les bénéfices des entrepreneurs : pourquoi cette concurrence ne baisserait-elle pas les prix à tel point, qu’il ne restât plus de bénéfice aux entrepreneurs, et que par conséquent l’intérêt disparût[1] ?

Remontons aux lois tout à fait générales qui règlent la valeur des biens. La première de ces lois veut que la valeur d’un bien soit déterminée par l’utilité qu’on en retire : s’agit-il d’un bien « du premier rang », c’est-à dire d’un bien propre à satisfaire par lui-même un besoin, c’est cette utilité intrinsèque à laquelle on devra s’attacher, et la valeur se mesurera au degré final de cette utilité ; s’agit-il d’un de ces biens qui, n’ayant pas d’utilité intrinsèque, servent à acquérir des biens du premier rang, on s’attachera à l’utilité de ces derniers, que l’on considérera toujours dans son degré final. À cette loi toutefois une autre loi s’ajoute, qui s’appliquera à ceux des biens qui peuvent être multipliés à volonté : et c’est la loi qui veut que la valeur des biens s’égale à leur coût. La concurrence des producteurs, là où elle s’exerce, amène cet effet ; quelle que soit son utilité, un bien, lorsqu’il peut être multiplié, ne vaudra jamais plus que ce que valent les éléments dont il est constitué, sa valeur se mesurera par l’utilité finale du moins utile des biens qu’on pourrait avoir en sa place, et qu’on produit effective-

  1. I, pp. 174-175.