Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/77

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ment. Un bien a été produit avec de la main-d’œuvre ; si cette main-d’œuvre n’est pas d’une qualité spéciale, et si notre bien est de ceux que l’on peut multiplier, ce bien ne vaudra pas plus que le moins utile des autres biens ayant exigé pour être produits la même quantité de main-d’œuvre : sans quoi un déplacement se ferait de la main-d’œuvre vers cette production plus lucrative, lequel abaisserait les prix du bien en question, et rétablirait l’équilibre. Bref, là où il n’y a pas de restriction à la concurrence, pour déterminer le prix des biens, il y a lieu de considérer non pas leur usage, leur fin, mais ce dont ils sont faits : la loi de la valeur-utilité est remplacée par celle de la valeur-coût, qui dérive des mêmes principes que celle-ci, mais qui d’une certaine façon paraît lui être opposée.

Faisant l’application de ces deux lois à ces instruments de la production qu’on se procure avec des capitaux, il semble à Böhm-Bawerk qu’il soit impossible de tirer de la productivité technique du capital l’intérêt. De deux choses l’une en effet : ou bien ces instruments de production que l’on acquiert avec le capital sont tels qu’on ne peut les multiplier à volonté, ou bien au contraire on peut les multiplier. Le nombre en est-il nécessairement limité ? c’est la loi de la valeur-utilité qui trouvera son application : les instruments vaudront autant que sera utile le produit obtenu par eux. Le nombre de nos instruments peut-il être accru ? l’autre loi se vérifiera : le prix de ces instruments se déterminera par leur coût, déterminant à son tour, tirant à lui en quelque sorte le prix des produits qu’ils permettent d’obtenir. Ni dans l’un ni dans l’autre cas on n’aura de surplus, de produit net, d’intérêt[1].

  1. I, p. 226.