Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/81

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qu’est utile le moins utile des biens qu’on peut produire en sa place, et que l’on produit effectivement, il n’est pas nécessaire que ce bien puisse être reproduit à volonté. Il suffit que, les exemplaires du bien du deuxième rang se distribuant au mieux dans leurs divers emplois, l’utilité du dernier exemplaire qu’il soit possible d’obtenir de notre bien du premier rang soit inférieure à l’utilité la moindre des autres biens du premier rang que l’on produit effectivement. Soit, par exemple, un bien , avec lequel on obtient des biens de premier rang A et B, et dont il existe six exemplaires. Du bien A on peut faire trois exemplaires, dont les utilités respectives sont 100, 150 et 110 ; du bien B on peut faire un nombre indéfini d’exemplaires, dont les utilités seront 200, 120, 90, 60, 30, etc. ; les six exemplaires de , se distribuant au mieux, l’utilité limite des biens B sera 90, et celle des biens A — par où la valeur de ceux-ci sera déterminée — 110. Mais supposons maintenant que du bien A on puisse faire quatre exemplaires, dont le dernier aurait une utilité de 89 : alors, encore que le bien A ne puisse pas être reproduit à volonté, la valeur de ce bien A se déterminera selon la loi du coût.

Prenant note de cette rectification — qui ne fait d’ailleurs que rétablir la véritable théorie de Böhm-Bawerk —, voyons ce que devient la loi du coût dans la réalité, lorsqu’elle y trouve son application ; nous ferons une constatation importante. L’hypothèse en effet d’après laquelle, pour des biens pouvant être multipliés, les utilités limites seraient inégales, cette hypothèse de Böhm-Bawerk, intéressante dans la théorie pure, est contraire à ce que l’on observe. L’échelle des besoins d’un individu peut être, pour des espèces données de besoins, discontinue ; mais si, cessant de considérer les besoins de l’individu, on considère